IXès Jeux de la Francophonie : quel bilan pour la RDC ?
Le président de République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi a tiré les rideaux des IXès Jeux de la Francophonie, dimanche dernier au stade des Martyrs à Kinshasa, en présence de plusieurs autorités nationales et internationales.
Ayant rassemblé 3500 participants dont des athlètes et des artistes issus de 37 délégation, cette édition a permis à la RDC de relever le défi de l'organisation d'un événement d'une telle envergure. Cela a été aussi l'occasion pour le pays de Lumumba de montrer à la face du monde sa richesse en termes de ressources humaines.
L'organisation : le miracle !
Les IXes Jeux de la Francophonie tenus à Kinshasa, la plus grande ville francophone, a été un évènement inédit. Reporté deux fois, d'abord en 2021 pour le Corona virus puis en 2022 faute d'infrastructures prêtes à les accueillir, les jeux à Kinshasa ont été un miracle. Un avis que partage Zeina Mina, directrice du Comité International des Jeux de la Francophonie (CIJF).
S'exprimant sur cette 9ème édition, au cours de la cérémonie de clôture au stade des Martyrs, Zeina a déclaré : "Le défi a été relevé, cela fait partie du miracle Congolais''.
Un miracle, car jusqu'à leur ouverture, le doute a persisté sur la tenue des Jeux. En effet, jusqu'à la dernière minute, certains sites étaient en chantier. Une réalité qui a poussé certaines délégation à ne pas concourir ou à réduire la taille de leurs délégations. C'est le cas du Québec qui a évoqué des raisons de sécurité et santé pour ses compétiteurs.
La force intellectuelle de la jeunesse Congolaise
En depit de ces doutes qui ont précédé la tenue des jeux, cela n'a pas empêché les compétiteurs Congolais d'honorer les couleurs nationales en réalisant quelques prouesses. Les Jeux de Kinshasa ont permis aux Jeunes Congolais de prouver leur force intellectuelle au millieu des autres clivages francophones.
La médaille d'or remporté par Jocelyn Ndanga en concours de littérature s'avère une illustration parfaite, outre le triomphe du jeune Thierry Muhenge en scrabble. Ce jeune Congolais a surpris plus d'un, en éliminant en demie-finale de cette discipline le champion du monde de scrabble, le Suisse Hugo De Lafontaine. Un exploit réussi avant d'aller décrocher l'or, en finale, face au Béninois Gevron Chakpe.
Une prestation Congolaise qui laisse à désirer
Par contre d'un point de vue générale, les Xès Jeux à Kinshasa n'ont pas été une moisson prolifique pour le pays hôte. La RDC a décroché 34 médailles dont seulement 5 en or toutes les disciplines confondues, ce qui lui a valu la 9ème place au classement des pays ayant obtenu le plus grand nombre des médailles lors de cette compétition, très loin derrière le Maroc première nation avec 58 médailles.
Ce résultat de la RDC est à l'image de l'impréparation des athlètes. Ces derniers, qui pour la plupart, ont entamé la préparation à deux semaines du début des épreuves, d'autres encore en l'occurrence les footballeurs U20 avaient vu leurs stages de préparation annulés.
Par conséquent le football, sport roi, n'a pas lui aussi satisfait les supporters Congolais. Les U20 n'ont pas réussi à atteindre le dernier carré et ont fini à la cinquième place de la compétition, synonyme d'aucune médaille gagnée.
La culture pas totalement représentée
Un autre tableau sombre de ces jeux à Kinshasa est ''l'exclusion'' de la scène des Nuits de la Francophonie des certaines catégories d'acteurs culturels. Le constat est tel que la culture Congolaise n'a pas été totalement représentée lors de ces assises tenues en parallèle avec les Jeux, à l'esplanade du Palais du peuple du 03 août au 06.
Si le podium monté au Palais du Peuple a servi de cadre aux grands noms de la Rumba, tels que JB Mpiana, Werrason et les autres, pour agrémenter le public, cette situation a été vue d'un mauvais œil par les artistes de la musique urbaine qui se sont sentis écartés.
Parmi eux Alesh, artiste engagé, a publié dans ses réseaux sociaux au nom du collectif des musiciens urbains, une déclaration décriant cette ''mise à l'écart''. Pour ''King Lesh'', l'influence qu'exerce la musique urbaine sur les mélomanes Congolais, au cours des cinq dernières années, est indéniable.
Selon lui, l'absence d'un Innoss'B, d'un Gaz Mawete, pour ne citer que ces grands noms de la musique urbaine, est inadmissible. Alesh a expliqué à cet effet, que le mouvement urbain a réussi à s'imposer au sein du public en peu d'années, chose que la rumba a su faire au terme de plusieurs décennies, d'où les musiciens urbains méritent la considération des autorités du pays.
Outre cela, la voix féminine a été une des grandes absences aux nuits de la Francophonie. Comment expliquer ce fait, dans un pays qui se dit promoteur de l'égalité homme-femme, qu'il n'y a eu aucune tête d'affiche féminine aux nuits de la francophonie ?
Au regard du vivier de talents féminins que possède le géant au cœur de l'Afrique, d'aucuns auraient sûrement espéré voir sur la scène au Palais du Peuple au moins une des femmes ayant écrit en lettres de noblesse l'histoire de la musique congolaise.
La prestation d'une Mbilia Bel, d'une L'or Mbongo, pourquoi pas d'une Rebo Tchulo aurait été sans doute la bienvenue sur ce podium des nuits de la francophonie. Malheureusement, les programmateurs de ces prestations sont tombés dans le piège du dicton ''aucune œuvre humaine n'est parfaite.''
Par ailleurs, l'on a également observé la faible représentation de la musique gospel, qui n'a eu pour représentant que Moïse Mbiye. Les humouristes et les comédiens n'ont pas été non plus associés au show des nuits de la Francophonie.
Première organisation : des leçons et des acquis
De ce qui précède, les organisateurs ne peuvent que tirer des leçons d'une première organisation ''d'un événement historique qui restera gravé dans les mémoires'', comme l'a si bien dit le chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, au cours de la cérémonie de clôture.
Les Jeux de la Francophonie organisés chaque quatre ans dans le but de promouvoir la solidarité francophone a favorisé, en RDC, ''un investissement pour la jeunesse et le développement'', selon Patrick Muyaya, ministre de la communication et médias.
Une façon de dire, dorénavant la jeunesse Congolaise a à sa disposition des infrastructures sportives de qualité qui puissent lui permettre d'émerger...
Après l'épisode de Kinshasa organisé dans 10 sites pour 20 disciplines différentes, les athlètes et les artistes francophones se retrouveront de nouveau en 2027. Les candidatures des pays pour les prochains Jeux seront examinées au mois de septembre.
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