Musique : Tshala Muana, disparition d'une icône à la carrière légendaire !
La nouvelle de la mort de la reine de ''Mutuashi'' a résonné comme un coup de foudre dans les oreilles des mélomanes Congolais et du monde entier, le samedi 10 décembre 2022.
La ''Mamu Nationale'' s'en est allé dans un repos éternel et laisse derrière elle l'héritage musical d'un folklore Luba modernisé, en plus d'une profonde désolation dans les cœurs de ses collègues musiciens et fidèles fans.
Même la sphère politique est consternée. Dans un communiqué nécrologique signé ce samedi 10 décembre, le sénateur à vie, Joseph Kabila à travers son parti politique, le PPRD, présente ses condoléances les plus attristées à la famille biologique de l’illustre disparue.
C'est le Secrétaire Permanent, de cette formation politique, Emmanuel Ramazani SHADARY qui a signé ce document. Selon lui, cette disparition, est une perte et un vide que rien ne saurait combler.
En effet, l'annonce de son décès a mis la toile en ébullition. Des hommages sont venus de partout : d'abord des internautes nostalgiques de sa musique, ensuite de certains mégas stars de la Rumba Congolaise qui ont hommagé l'icône qu'elle était.
Koffi Olomide, la star intemporelle, avec beaucoup d'émotion et d'affection, s'est exprimé via ses réseaux sociaux.
''Mon coucou est parti... Un amour vrai, c'est à vie. Elisabeth Tshala de Koffi. Repose en paix...'' a-t-il posté.
L'écrivain Congolais Tata N'longi a, lui aussi, été consterné face à cette énorme perte culturelle. L'ex président de l'Association des Écrivains du Congo a pleuré celle qu'il considère comme étant ''l'Amour de sa jeunesse'', le tout accompagné d'une oraison funèbre postée dans ses réseaux sociaux, où l'on peut lire dans l'un des paragraphes :
''... J’écrirai des stèles de mots et des mausolées en textes, qui diront que cette femme était sans doute, l’une des meilleures d’entre nous. Va en paix. Moi, j’ai fait la paix avec toi.''
L'une des meilleures ou carrément la meilleure ? Ce qui est sûr, Tshala Muana a eu une carrière de rêve marquée par une célébrité au-delà des frontières nationales.
C'est au début des années 80, qu'elle a fait ses premières apparitions en musique, avant de rejoindre sous la casquette de danseuse en 1987, le groupe Tcheke Tcheke Love de la feue Mpongo Love pour une carrière professionnelle et plus visible.
Plus tard en 2000, la diva de ''Mutuashi'' (Ndlr, Folklore de la tribu Luba située au centre de la RDC) s'engage dans une carrière solo et décide de s'auto-produire.
C'est ainsi qu'en 2002, elle sort l'album intitulé ''Malu'' contenant 10 chansons avec comme titre phare un son dansant qui porte le nom de l'album et continue à faire bouger dans des fêtes jusqu'à ce jour.
Cependant, l'album ''Malu'' considéré par plusieurs analystes comme le meilleur jamais sorti par la ''Mamu Nationale'' comportait pas mal des chefs-d'œuvre en l'instar des titres comme ''Menteur''; ou "Kankamana'', un son dans lequel Tshala Muana convie les femmes à persévérer avec un homme dans la souffrance puisqu'il finira par réussir sa vie un jour.
La ''reine du Mutuashi'' laisse derrière plusieurs répertoires discographiques dont on peut citer quelques uns : ''Mbanda Matière" sorti en 1984, ''Tshanza'' 2005, ''Tshikuna Fou'' en 2007, et son dernier album Cours des grands sorti en mars 2017.
Aussi connue pour ces chansons patriotiques et surtout pour la propagande pro Kabila, Tshala Muana s'était retrouvée en novembre 2020, au centre d'une polémique l'opposant à l'actuel régime.
En effet, la chanteuse avait été interpellée par les services de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR) peu après la sortie de sa chanson ''Ingratitude''. Plusieurs observateurs qualifiaient ce morceau d'une attaque contre Félix Tshisekedi, qui se serait montré ingrat vis-à-vis de Joseph Kabila en rompant la coalition FCC-CACH. Une assertion que Tshala Muana avait dû rejeter de vive voix, au sortir du cachot de l'ANR où elle y avait passé nuit.
''Je chante trahison. Ce n'est pas destiné au chef de l'État. C'est depuis 2013 que je travaille sur cette chanson. J'ai connu beaucoup de trahison dans ma vie professionnelle.(...) D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que je chante contre l'ingratitude. Ils disent que j'ai insulté le chef de l'État. J'ai beaucoup de respect pour lui. Il n'est pas mon ami'', avait-elle déclaré.
Durant son parcours, Tshala Muana a aussi produit et promu des jeunes talents au niveau national et international en l'occurrence, MJ30, Jos Diena, Lula Tshianda, et Boss Bossombo.
De son vrai nom Elisabeth Tshala Muana Muidikayi, la chanteuse est née le 13 mai 1958 à Elisabethville, l'actuelle Lubumbashi. En dehors de la musique, elle était aussi une femme politique très engagée et une actrice cinématographique.
Originaire du Kasaï-central, l'on retiendra d'elle avoir développé la musique de ce coin de la RDC en l'associant à d'autres styles modernes en l'occurrence le soukous, la rumba, etc.
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