Augmentation du SMIG : une avancée insuffisante face au coût de la vie élevé La cheffe du gouvernement, Judith Suminwa, et les parties prenantes ont convenu le mardi 22 janvier de la revalorisation significative du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), le portant de 7 075 à 14 500 francs congolais par jour. Une décision qui marque la fin de six années sans ajustement. Cependant, cette mesure suscite des interrogations sur son adéquation avec le coût de la vie dans le pays. Malgré ce doublement, le nouveau SMIG équivaut à environ 5,17 dollars américains par jour, soit approximativement 135 dollars par mois (26 jours). Compte tenu de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie en RDC, certains observateurs estiment que cette revalorisation, bien que bienvenue, pourrait ne pas suffire à garantir un niveau de vie décent pour les travailleurs et leurs familles. À Kinshasa, une famille moyenne dépense environ 42 000 francs congolais (15 dollars) par jour uniquement pour se nourrir. Les produits de base, comme un petit sac de farine de maïs ou un litre d’huile, coûtent en moyenne respectivement environ 60 000 FC (22 dollars) et 7 500 FC (2,6 dollars). Le coût du logement dans la capitale oscille entre 200 et 500 dollars par mois pour des habitations modestes, tandis que les frais liés à l’éducation et aux transports absorbent une part importante des revenus des ménages. Ces chiffres montrent que même avec un SMIG réajusté, de nombreux travailleurs continueront de lutter pour joindre les deux bouts. Cette augmentation intervient également dans un contexte de tensions sociales. En septembre 2024, des travailleurs employés par des entreprises indo-pakistanaises, chinoises et libanaises à Kinshasa et Lubumbashi ont organisé des grèves pour dénoncer leurs conditions de travail. Ces employés, rémunérés entre 60 et 80 dollars par mois, réclamaient des salaires décents et le respect des droits du travail. Ces mouvements sociaux ont mis en lumière les disparités salariales et l’exploitation persistante des travailleurs congolais dans certains secteurs économiques. Pour que cette réforme ait un impact tangible, il est crucial que le gouvernement s’assure de son application effective. Le ministre du Travail a promis de renforcer les inspections pour garantir que les employeurs, y compris les entreprises étrangères, respectent cette nouvelle réglementation. Néanmoins, dans un pays où le secteur informel domine et où les mécanismes de contrôle sont souvent inefficaces, cette promesse reste un défi. La revalorisation du SMIG est une avancée importante, mais insuffisante pour répondre aux besoins des travailleurs congolais. Pour réellement améliorer leurs conditions de vie, le gouvernement devra accompagner cette mesure d’initiatives supplémentaires, comme la régulation des prix des biens essentiels, des subventions sur les produits de base et un renforcement des contrôles dans le secteur privé. Si elle est suivie de telles actions, cette réforme pourrait marquer le début d’un véritable changement. Sinon, elle risque de rester une mesure symbolique dans un pays où les inégalités continuent de se creuser. Le ministre du Travail, Ephraim Akwakwa, a rassuré que d’autres questions liées à la mise en œuvre du nouveau SMIG seront discutées lors du Conseil National du Travail, convoqué la semaine prochaine. Wait and see !
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