Pénurie du carburant à Kinshasa : le silence du Gouvernement inquiète, voici ce qui se passe exactement
Une pénurie presque générale du carburant est observée ce lundi 4 avril à Kinshasa. L'inquiétude ne cesse de croître surtout avec le silence du ministère des Hydrocarbures face à cette situation.
Plusieurs stations-service sont fermées. Certaines proposeraient un prix élevé tandis que d'autres sont en rupture de stock.
Cette situation inquiète beaucoup plus les conducteurs, qui ont afflué certaines stations-service, c'est le cas de Total à Moulaert, le matin. On pouvait voir un très long fil des véhicules, motos et des revendeurs avec leurs récipients.
"Nous sommes en attente. Les travailleurs nous ont dit qu'il y a un stock, mais ils attendent le mot de la hiérarchie", a laissé entendre un motard.
Cette situation était observée depuis dimanche. De longs fils étaient observés dans presque toutes les stations-service de Kintambo-Magasin à Bandal Moulaert.
Cela était due à la psychose. Les conducteurs avaient appris qu'il n'y aurait plus de stock, et par conséquent, les prix allaient prendre de l'ascenseur.
PROBABLE AUGMENTATION DU PRIX DU CARBURANT À LA POMPE
Le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, a échangé avec les pétroliers, le vendredi dernier, sur les incidences éventuelles des prix du carburant à la pompe.
Ensemble, ils ont cherché à savoir si l’État congolais devrait compenser en payant le manque à gagner aux pétroliers ou laisser les pétroliers vendre désormais le carburant au prix réel du marché, notamment à 3 500 FC, pour éviter une probable pénurie en cette période de crise due à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Le ministre des Hydrocarbures avait demandé à ses interlocuteurs de se référer au Gouvernement pour assurer régulièrement le manque à gagner aux pétroliers, afin de ne pas majorer le prix pratiqué dit social s’élevant à 2085 FC pour le gasoil et 2095 pour l’essence afin d’éviter l’augmentation des prix des biens de consommation courante.
Au sortir de cette rencontre, les opérateurs pétroliers avaient assuré de travailler dans la même vision pour le bien de tous. C’est évidemment pour des raisons purement sociales que le Gouvernement prend en charge les 1500 FC en dollars.
En France par exemple, le litre d’essence est vendu à 210 dollars alors qu’il est à 1 dollar en RDC.
IMPACT DE LA CRISE RUSSO-UKRAINIENNE SUR LE SECTEUR PÉTROLIER
Les sociétés pétrolières russes sont parmi les acteurs majeurs du secteur pétrolier de plusieurs pays africains.
Le 30 mars, S&P Global a publié une étude analysée par l'agence Ecofin qui révèle que le conflit entre la Russie et l’Ukraine aura des conséquences sur le bon déroulement des activités pétrolières du secteur amont en Afrique.
Un spectre qui résulte des sanctions financières et opérationnelles infligées aux compagnies pétrolières russes, engagées dans divers projets en amont sur le continent.
Selon S&P Global, plusieurs opérations d’exploration sont menacées, principalement dans la région du golfe de Guinée considérée comme « la sous-région la plus sensible d’Afrique, si le conflit Russie-Ukraine venait à s’éterniser ».
En effet, la zone abrite de nombreux projets significatifs qui voient la participation active de la société pétrolière russe Lukoil, sous sanction.
« Les sanctions internationales contre la firme russe Lukoil, par exemple, pourraient compromettre jusqu’à 173 000 bep/j de production future d’ici 2028, au Ghana, au Congo et en Guinée-Équatoriale », indique la source consultée par Agence Ecofin.
Toutefois, l’analyse souligne que la production pétrolière et gazière actuelle en Afrique du Nord, principalement en Libye et Egypte ne devrait pas être affectée par la crise. Ceci, en raison de la faible participation des compagnies russes aux projets en amont, entre autres.
Au Soudan du Sud, poursuit l'Agence Ecofin, les sanctions devraient aussi perturber l’engagement de l’entreprise russe Safinat à développer la raffinerie de Bentiu (10 000 b/j), dans l’Etat d’Unity, un projet opérationnel depuis mars 2021.
Dieumerci Kalewu
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