Stabilité du cadre macroéconomique : un fossé entre le discours officiel et la réalité du terrain Alors que le gouvernement congolais vante la stabilité du cadre macroéconomique, la flambée des prix de certains produits de première nécessité vient nuancer ce tableau, voire le contredire aux yeux de nombreux Congolais. Symbole de ce paradoxe : le prix du sac de braises, désormais vendu jusqu’à 85 000 francs congolais dans certains quartiers de Kinshasa, notamment à Malueka. Lors d’un briefing conjointement animé ce lundi par le vice-premier ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, et le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, le gouvernement s’est voulu rassurant. Malgré « la guerre d’agression injuste imposée à la RDC », les autorités affirment que la situation économique du pays est non seulement sous contrôle, mais aussi en amélioration. Le VPM Mukoko Samba a souligné que la stabilité actuelle serait le fruit d’une meilleure coordination entre les différents acteurs économiques : gouvernement, Banque centrale du Congo et régies financières. Il a salué les efforts menés depuis l’investiture du gouvernement Judith Suminwa Tuluka, dans la foulée du second mandat du président Félix Tshisekedi. « Nous avions une situation macroéconomique instable à l’arrivée du gouvernement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui », a-t-il déclaré, mettant en avant la stabilité du taux de change et la maîtrise des prix du carburant. Le contraste du quotidien Mais pendant que les autorités déroulent des indicateurs positifs, la réalité sur les marchés semble tout autre. Le prix du sac de braises — principal moyen de cuisson pour des millions de ménages congolais — a atteint un niveau record : jusqu’à 85 000 FC, soit près du double par rapport au tarif observé il y a encore quelques mois. Un contraste saisissant, d’autant que cette énergie domestique reste essentielle dans un pays où l’accès à l’électricité reste limité, voire inexistant pour de nombreux foyers. Pour ces familles, la stabilité macroéconomique vantée ne se reflète pas dans le panier de la ménagère. Carburant : une stabilité fragile ? Le gouvernement insiste cependant sur les efforts faits pour éviter une flambée du prix du carburant. « Depuis octobre 2024, le prix à la pompe est resté stable, et il n’y aura pas de pénurie ni de longues files devant les stations », a assuré Daniel Mukoko Samba. Mais si le prix du carburant ne bouge pas, celui des produits dérivés ou liés à la logistique — comme le charbon de bois, transporté sur de longues distances — grimpe inexorablement, nourri par des tensions sécuritaires, une forte demande urbaine, et l’inflation latente. Entre discours officiel et réalité populaire, le fossé se creuse. La stabilité macroéconomique existe peut-être dans les chiffres, mais elle peine à se traduire dans le quotidien des Congolais, frappés de plein fouet par le coût de la vie. Le gouvernement appelle à la patience, mais pour de nombreux ménages, la question est simple : que vaut une stabilité dont on ne ressent pas les effets dans l’assiette ?
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