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Affaire Constant Mutamba : le ministre de la Justice défie le procureur Mvonde


Affaire Constant Mutamba : le ministre de la Justice défie le procureur Mvonde Le bras de fer est désormais public entre le ministre de la Justice Constant Mutamba et le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Paul Mukolo Mvonde. En pleine tourmente judiciaire, le ministre a lancé une contre-offensive verbale ce jeudi 23 mai depuis le Palais de Justice de Kinshasa, n’hésitant pas à remettre en cause la légitimité de son principal accusateur. « Dites-lui aussi, j’attends qu’il justifie tous ses biens. J’attends que les enquêtes sur lui se terminent. Celui qui fait l’objet d’enquête ne peut pas enclencher une action contre le ministre de la Justice. C’est une faute disciplinaire grave », a déclaré Mutamba, avant de prévenir : « Je vais tirer toutes les conclusions de droit ». Le ministre a également dénoncé une tentative d’audition du secrétaire général de son ministère et du directeur de l’administration pénitentiaire par le parquet. Une convocation à laquelle il oppose une fin de non-recevoir : « J’ai dit qu’ils n’iront pas là-bas. » Une affaire aux multiples ramifications Cette sortie intervient quelques jours après que le procureur général a saisi l’Assemblée nationale, sollicitant la levée des privilèges de juridiction du ministre pour permettre des poursuites judiciaires. Au cœur du dossier : un détournement présumé de fonds publics dans le cadre d’un projet de construction d’une prison à Kisangani, dans le nord-est du pays. Le projet, estimé à 39 millions de dollars, a déjà mobilisé 19 millions, versés à une société privée sans contrôle préalable, ni aval de la Première ministre ni des organes de régulation. Selon le parquet, le contrat a été attribué de gré à gré, en violation des procédures en vigueur. De plus, les fonds ne provenaient pas du Trésor public, mais du Frivao – un établissement public placé sous la tutelle du ministère de la Justice, chargé de gérer les 325 millions de dollars dus par l’Ouganda à la RDC au titre des réparations de guerre. La Cellule nationale de renseignements financiers avait d’ailleurs suspendu le virement, exprimant des doutes sur sa régularité. L’affaire s’inscrit dans un climat de tension latent entre le ministre Mutamba et certains membres du corps judiciaire. Selon plusieurs sources, le conflit trouve ses racines dans une enquête lancée en novembre 2024 par le ministre sur l’acquisition d’un immeuble à Bruxelles par le procureur Mvonde. Si l’achat s’est finalement révélé avoir été réalisé à crédit, l’affaire avait suscité un tollé. Certains observateurs y voient aujourd’hui un épisode de représailles institutionnelles. Interrogée par RFI, une source judiciaire de haut rang réfute cette lecture : « Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes, mais d’une réponse à la clameur publique. » L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho), de son côté, appelle à la prudence. Si les faits sont avérés, dit-elle, le ministre doit répondre devant la justice. Mais si les accusations ne sont que le fruit de manipulations politiques ou judiciaires, il mérite soutien et protection. Pour l’heure, le sort de Constant Mutamba est entre les mains de l’Assemblée nationale, qui devra se prononcer sur l’opportunité de le traduire devant la justice. L’affaire dépasse désormais le cadre d’un simple dossier judiciaire et prend des allures de bras de fer institutionnel, entre pouvoir exécutif et autorité judiciaire.

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