Audition des cadres du PPRD : la justice frappe-t-elle aux portes du régime Kabila ? La convocation, ce lundi 10 mars 2025, de trois figures de premier plan du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) par la justice militaire a provoqué une onde de choc sur la scène politique congolaise. Emmanuel Ramazani Shadary, ancien candidat à la présidentielle de 2018 et actuel secrétaire permanent du parti, Aubin Minaku, ex-président de l’Assemblée nationale et vice-président du PPRD, ainsi que Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint, ont été longuement auditionnés avant de regagner leurs domiciles. Si les motifs précis de cette convocation n’ont pas été officiellement détaillés par les autorités judiciaires, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a déclaré dans un communiqué que ces anciens hauts responsables du régime Kabila sont soupçonnés d’être en collusion avec les terroristes du M23. Des voix s’élèvent au sein du PPRD pour dénoncer une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Plusieurs cadres du parti dénoncent des manœuvres d’intimidation et y voient une tentative de museler l’opposition. Ce développement intervient quelques jours après une déclaration fracassante du président Félix Tshisekedi, accusant directement Joseph Kabila d’être “le vrai commanditaire” du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda et responsable des violences à l’Est du pays. En ciblant des piliers du PPRD, la justice congolaise amorce-t-elle une procédure visant à remonter jusqu’à Joseph Kabila lui-même ? Cette hypothèse prend de l’ampleur au sein de l’opinion publique, alors que les tensions entre l’actuel chef de l’État et son prédécesseur n’ont cessé de s’intensifier. Depuis la fin de son mandat en 2019, Kabila s’est tenu à l’écart des affaires publiques. En février dernier, il avait annoncé suspendre ses études pour se consacrer à la situation qui prévaut au pays. Certains observateurs y voient une volonté du régime Tshisekedi de neutraliser toute velléité de retour en force du clan Kabila. D’autres estiment que cette démarche pourrait marquer un tournant historique si la justice venait à établir un lien direct entre l’ancien président et le conflit à l’Est. Ces auditions marquent-elles le début d’une vaste offensive judiciaire contre l’ancien régime ou s’agit-il d’un simple coup de pression destiné à affaiblir le PPRD ? Une chose est certaine : la tension politique monte d’un cran. A noter que le pays fait face à des défis sécuritaires majeurs, l’issue de cette affaire pourrait profondément redéfinir le rapport de force entre l’ancien et le nouveau pouvoir. Pour l’instant, la tempête judiciaire ne fait que commencer, et les prochains jours seront déterminants pour comprendre jusqu’où ira cette enquête et quelles en seront les conséquences sur l’avenir politique de la RDC.
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