Démission de Mutamba : le désormais ex- ministre de la Justice dénonce un complot rwandais contre lui Dans une lettre adressée au président de la République ce mercredi 18 juin, le désormais ex-ministre de la Justice, Constant Mutamba, affirme être victime d’un complot orchestré par le Rwanda, avec la complicité de certaines forces internes. Un coup monté, selon lui, pour le neutraliser politiquement et saboter les réformes qu’il menait au sein du ministère de la Justice. A travers des termes clairs et accusateurs, Constant Mutamba lie ce qu’il appelle un « coup de poignard dans le dos » à son engagement dans les poursuites judiciaires contre les hauts responsables de l’AFC/M23, mouvement rebelle soutenu par Kigali. Il parle d’un plan élaboré depuis le Rwanda, exécuté par des Congolais, avec pour objectif de freiner les réformes internes, désorganiser la riposte institutionnelle face à l’agression rwandaise, et surtout, l’éliminer du paysage politique national. Mutamba affirme également avoir échappé à plusieurs tentatives d’empoisonnement et d’élimination physique. Il accuse des réseaux mafieux, infiltrés dans les institutions de la République, de l’avoir ciblé pour son engagement républicain. « Je n’ai jamais pris un dollar de l’Etat. Je n’ai jamais compromis mes valeurs et je ne le ferai pas », écrit-il, en insistant sur son intégrité et sa loyauté envers le chef de l’Etat. Il affirme quitter ses fonctions par devoir républicain, sans renoncer à son combat pour une justice équitable, souveraine et débarrassée des influences extérieures. Une démission sur fond de scandale judiciaire Cette lettre survient après sa rencontre mardi 17 juin avec le Chef de l’Etat. Le 15 juin, l’Assemblée nationale a autorisé, à une large majorité (322 voix sur 363), l’ouverture de poursuites judiciaires contre lui. Il est soupçonné de détournement de fonds publics dans le cadre d’un projet de construction d’une prison à Kisangani, estimé à 38 millions de dollars. Selon le rapport du procureur général près la Cour de cassation, l’entreprise bénéficiaire du marché, Zion Construction, serait une coquille vide, sans siège réel, ni personnel identifié, ni activités concrètes sur le terrain. Pire, aucune demande d’attribution de terrain n’aurait été enregistrée au cadastre de la Tshopo, alors que 19 millions de dollars ont déjà été virés sur le compte de la société. Ces fonds ont été gelés à temps grâce à l’intervention du parquet et du CENAREF. Le parquet évoque un système de détournement structuré avec des complicités internes. « Le ministre Mutamba, lors de son audition, a reconnu ne pas connaître l’emplacement exact du site censé accueillir la prison, alimentant davantage les soupçons ». L’interdiction de quitter le pays En parallèle, le procureur Firmin Mvonde a adressé une lettre à la Direction générale de migration (DGM) pour interdire au ministre Mutamba de quitter le territoire congolais. Pendant ce temps, face à la célérité dans le développement de ce dossier, plusieurs observateurs dans l’opinion évoquent un acharnement contre le jeune ministre. Il ne reste qu’au procureur de saisir les magistrats pour l’ouverture d’examen de ce dossier.
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