Gouvernement Sama II : la RDC souffle le chaud et le froid
Alors que des voix se lèvent pour exiger qu'un tribunal pénal international soit mis en place pour juger tous ceux qui sont impliqués dans les 617 « incidents » documentés dans le rapport Mapping, Tshisekedi nomme l'ex-chef de guerre et ancien vice-président Jean-Pierre Bemba, à la Défense nationale. Le président national du Mouvement de libération du Congo (MLC) est cité dans le rapport Mapping pour crimes contre l'humanité, crimes de sang, crimes de génocide perpétrés par son parti politique, jadis un mouvement rebelle.
A la suite de ce rapport, des ONG militent pour que les responsabilités soient établies, et que les auteurs soient sanctionnés. Elles réclament notamment réparation des dommages subis par les victimes. C'est aussi la position de Kinshasa. Certains observateurs s'interrogent comment Félix Tshisekedi a-t-il nommé Bemba dans le Gouvernement alors qu'il ne cesse de réclamer que justice soit faite.
Entre 2001 et 2003, les troupes de l’ALC, l’armée du MLC de l’actuel leader politique Jean-Pierre Bemba, et des militaires du RCD-N de Roger Lumbala ont affronté à plusieurs reprises les éléments de l’APC, l’armée du RCD-ML et les FAC pour le contrôle du district du Haut-Uélé.
Jean-Pierre Bemba n'a jamais répondu de ces crimes commis en RDC. Il a passé 10 ans en prison pour les crimes du MLC en République centrafricaine. L'ancien chef de guerre a été acquitté par la CPI à la surprise générale des accusations de meurtres, viols et pillages commis en Centrafrique par sa milice entre octobre 2002 et mars 2003.
Il a toutefois été condamné pour subornation de témoins dans le cadre de son procès. Bemba a réclamé un dédommagement à hauteur de 68 millions d’euros, qui représente un peu moins de la moitié du budget annuel de la Cour Pénale Internationale.
Rapport Mapping
Le Rapport Mapping est rendu public en 2010, après une fuite par le quotidien Le Monde.
Il a été élaboré par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et décrit les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en RDC entre mars 1993 et juin 2003.
Cette période couvre les deux guerres du Congo qui avait impliqué jusqu’à neuf armées étrangères et dont est issu aujourd’hui encore l’essentiel de la classe politique congolaise.
Il s'agit d'un document dense et détaillé, basé sur des recherches extensives et rigoureuses effectuées par une équipe d'une vingtaine de professionnels congolais et internationaux en matière de droits humains sur une période de 12 mois.
Le rapport examine 617 des incidents les plus graves survenus dans tout le Congo sur une période de 10 ans et fournit des détails sur des cas graves de massacres, de violence sexuelle et d'attaques contre des enfants, ainsi que d'autres exactions commises par une série d'acteurs armés, notamment des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais.
Ce rapport indique que les femmes et les enfants ont été les principales victimes de la plupart des actes de violence recensés par l'équipe de Nations Unies. Il indique que la majorité des crimes documentés peuvent être qualifiés des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre.
Le rapport Mapping est bien sûr très fortement contesté par tous les États dont les armées sont accusées d’avoir commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre, voire des crimes de génocide sur le sol congolais.
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