Guerre dans l'est : Tshisekedi désamorce un piège de Kagame
Il suffisait d'une mauvaise réaction de la RDC pour qu'il s'observe une vive tension avec le Rwanda.
Face à la provocation de Kigali, Kinshasa est resté attaché à la loi. Le Gouvernement congolais accuse Kigali d’instrumentaliser « les réfugiés congolais parce qu'il y a un calcul politicien derrière, c'est le paroxysme de l'indécence ».
« Les droits humains n’ont aucune valeur pour le président rwandais, ni la liberté d’expression ni la liberté de manifestation. D’ailleurs pour la liberté de manifester, on instrumentalise des réfugiés congolais parce qu’il y a un calcul politicien derrière. C’est le paroxysme de l’indécence », a dit Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias, et porte-parole du Gouvernement.
Il a aussi rassuré que la RDC va respecter ses engagements et va travailler à restaurer sa sécurité dans cette partie.
« Il y a quelque chose qui ne fonctionne plus normalement autour du président Kagame », a jugé Patrick Muyaya, « parce que depuis que le monde entier a vu ce qu'il fait (...) il ne se passe plus un jour sans qu'il tienne des propos qui sont assez dangereux ».
« Nous, nous sommes disposés à accueillir nos frères », parce que « nous sommes hospitaliers », a encore affirmé le porte-parole, en rappelant que des Rwandais avaient afflué en RDC après le génocide de 1994 au Rwanda.
« Si nous avons ouvert nos frontières à cette époque, c'est parce qu'il y avait une demande de la communauté internationale, pour des besoins humanitaires », a-t-il dit, « et depuis, nos malheurs ont commencé », avant sans avancer les statistiques, de préciser qu’il y a plus de réfugiés rwandais au Congo que les nôtres au pays de mille collines.
Les propos du président rwandais sur son refus d’accueillir les refugies congolais ont été largement commentés.
Paul Kagame avait poussé le bouchon loin jusqu’à menacer d’enfreindre les conventions internationales sur les refugiés.
Le lundi dernier, devant les sénateurs, il avait déclaré : « Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés en provenance de RDC. Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda ».
« Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau », avait-t-il encore ajouté.
Mardi, Yolande Makolo, porte-parole du Gouvernement rwandais, a nuancé les propos de Paul Kagame : « Ce que le président a abordé, c'est l'hypocrisie flagrante en critiquant et en accusant le Rwanda d’être à la base de l'échec de l'État en RDC, et qui est ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec (…) Le Rwanda n'a pas l'intention d'expulser ou d'interdire les réfugiés. Nous accueillons toujours les personnes fuyant l'insécurité, la persécution et la violence. Nous demandons à la communauté internationale de prendre la responsabilité de trouver une solution durable pour ce groupe oublié de réfugiés de la RDC ».
En novembre 2022, le Rwanda comptait quelque 72.000 réfugiés congolais, selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
Mi-décembre, Le 12 décembre, ils avaient manifesté dans le camp de Kigeme, contre ce qu’ils qualifient d’actes« discriminations » dont seraient victimes leurs proches en RDC.
D’autres, selon les inscriptions sur les pancartes qu’ils brandissaient, disaient vouloir rentrer en RDC. Ils sont environ 15 000 réfugiés sur ce site. Cette manifestation avait été signalée aux médias par les autorités rwandaises.
Fin novembre, plus de 130 civils, selon l'ONU, ont été tués dans ce village de l'est de la RDC par des rebelles du M23, mouvement qui a conquis ces derniers mois de vastes pans d'un territoire au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.
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