Kagame : un dictateur converti en donneur des leçons
Sûrement, Paul Kagame a oublié qu'il n'a aucune leçon à donner à d'autres pays sur la démocratie. Jésus-Christ, dans la Bible, a demandé aux Pharisiens : "Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton oeil ?" (Matthieu 7:3).
Lors d’une cérémonie de prestation de serment des nouveaux membres de son cabinet, le rwandais Paul Kagame a, dans son discours, remis en question l'élection de Félix Tshisekedi en 2018. Il l'accuse d’exploiter une crise violente dans l’est de son pays pour retarder les élections.
Kagame a déclaré que « le monde entier » imputait la responsabilité de la crise au Rwanda, mais que c’était Felix Tshisekedi qui cherchait à tirer profit des violences avant la présidentielle prévue le 20 décembre 2023.
« Ce problème peut être résolu si un pays qui se dirige vers des élections l’année prochaine n’essaie pas de créer les conditions d’une situation d’urgence pour que les élections n’aient pas lieu », a déclaré M. Kagame
« S’il essaie de trouver un autre moyen de faire reporter les prochaines élections, alors je préférerais qu’il utilise d’autres excuses, et pas nous », a encore affirmé M. Kagame.
Toute honte bue, l'intention du Rwanda derrière son soutien au M23 est de "déstabiliser l’Est du Congo pour créer une zone de non droit en vue d’assouvir ses appétits criminels", déclarait Tshisekedi dans son dernier discours à la nation.
Plusieurs rapports attestent l'implication du Rwanda dans la guerre dans l'est de la RDC. Même les experts de l'ONU l'ont déterminé. Malheureusement, ces rapports moisissent dans les tiroirs du Conseil de sécurité de l'ONU.
Au-delà d'être sanguinaire, Paul Kagame a orchestré un système dictatorial dans son pays depuis plus d'une décennie qu'il est au pouvoir. Cependant, en RDC, on célébrait la première alternance en 2018. Le Gouvernement congolais tient également à la tenue des élections en décembre 2023.
DES ÉLECTIONS POLITIQUEMENT VERROUILLÉES
Les élections présidentielles au Rwanda se sont déroulées le 4 août 2017 dans un contexte de liberté d’expression ou d’ouverture de l’espace politique très limitée, déclarait Human Rights Watch, le jour de la prestation de serment du président Paul Kagame pour un mandat de sept ans.
Le président rwandais a brigué un troisième mandat, il a remporté les élections avec un score annoncé de 98,79 pour cent des voix.
« La victoire écrasante de Kagame n’est pas une surprise dans un contexte où les Rwandais qui ont osé faire entendre leurs voix ou remettre en cause le statu quo ont été arrêtés, ont été victimes de disparition forcée ou ont été tués, où les médias indépendants sont muselés, et où l’intimidation a muselé les groupes agissant pour les droits civils ou la liberté d’expression », indiquait Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch.
Dans les jours qui ont suivi l’élection, Human Rights Watch s’est entretenu avec des activistes locaux et des citoyens ordinaires qui ont fait état d’intimidations et d’irrégularités à la fois dans les préparatifs de l’élection et pendant le scrutin. Dans le district de Rutsiro, dans la Province de l’Ouest, les dons au Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir étaient obligatoires. « Personne ne pouvait échapper à cet ordre », a expliqué un électeur. « Cela a été organisé par le biais de la Commission électorale nationale. »
Un autre électeur, de Rutsiro également, a indiqué qu’il a été forcé de voter en présence d’un représentant de la Commission électorale nationale. « Après avoir vérifié mon nom sur la liste électorale, il m’a dit de voter sur-le-champ devant lui », a décrit l’électeur. « Il était facile de voir pour qui je votais sur le bulletin de vote, donc il m’était impossible de voter pour quelqu’un d’autre que Kagame. »
Une personne surveillant l’élection dans le district de Nyamagabe, dans le sud, a raconté qu’elle a vu des responsables du scrutin signer des bulletins pour au moins 200 personnes qui ne se sont pas présentées pour voter. Toutes les voix sont allées au FPR.
Trois candidats étaient en lice pour les élections : Paul Kagame (Front patriotique rwandais, FPR) ; Frank Habineza (Parti démocratique vert du Rwanda, PDVR) et un candidat indépendant, Philippe Mpayimana. Frank Habineza et Philippe Mpayimana ont tous deux affirmé avoir été victimes de harcèlement, de menaces et d’intimidation après qu’ils ont annoncé leur candidature. Aucun d’eux ne posait un réel défi pour le président Kagame. Philippe Mpayimana a remporté 0,73 pour cent des voix et Frank Habineza a obtenu un score de 0,48 pour cent.
Une personne qui a suivi la campagne dans les districts de Musanze, Burera et Rulindo dans la Province du Nord, a déclaré que les forces de sécurité locales ont fait du porte-à-porte dans plusieurs quartiers avant l’élection, intimant aux habitants de ne pas participer aux meetings de campagne de Frank Habineza. « C’était trop risqué pour la plupart des personnes de se rendre au meeting et d’écouter ce que [Habineza] avait à dire », a-t-elle expliqué, « donc peu de personnes ont osé y assister. »
Deux autres candidats indépendants éventuels, Diana Rwigara et Gilbert Mwenedata, ont assuré qu’ils avaient rempli les exigences d’éligibilité de 600 signatures appuyant leur candidature, dont 12 de chacun des 30 districts. Mais la Commission électorale nationale a rejeté leurs efforts pour s’inscrire, affirmant que bon nombre des signatures n’étaient pas valides. Un autre candidat potentiel, Thomas Nahimana, prélat catholique qui s’est tourné vers la politique, s’est vu refuser l’accès au Rwanda en janvier alors qu’il venait de France, où il habite actuellement.
Le 3 août, Diana Rwigara a révélé sur le service de la BBC en kinyarwanda, qui est interdit au Rwanda, que cinq de ses partisans ont été arrêtés parce qu’ils portaient un t-shirt soutenant sa campagne politique. Les partisans ont été libérés plus tard.
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