Tshisekedi et Lourenço

Processus de Luanda : Lourenço quitte la médiation et révèle les raisons du blocage de l’accord


Processus de Luanda : Lourenço quitte la médiation et révèle les raisons du blocage de l’accord Le Président angolais João Lourenço a annoncé, au cours d’une interview accordée à Jeune Afrique publiée ce jeudi 13 février, le retrait de son pays en tant que médiateur dans la crise opposant la RDC au Rwanda pour se concentrer sur ses responsabilités à la présidence de l’Union africaine. João Lourenço assumera la présidence tournante de l’Union africaine à partir de février 2025. La passation de pouvoir aura lieu lors de la 38e session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UA, prévue les 15 et 16 février 2025. C’est la première fois que l’Angola dirigera la plus haute instance de l’Union africaine. Des efforts diplomatiques entravés par des blocages majeurs João Lourenço a expliqué que le principal point de blocage dans la médiation angolaise résidait dans la position de Kinshasa sur le M23. Alors que Kigali exigeait l’implication du groupe rebelle dans les négociations, la RDC refusait catégoriquement tout dialogue direct avec un mouvement qu’elle considère comme terroriste. Toutefois, le Président angolais a souligné que les autorités congolaises étaient conscientes de la nécessité de parler à toutes les parties, y compris au M23, tout en précisant que cette question relevait du processus de Nairobi et non du cadre de la médiation de Luanda. Dans son entretien, João Lourenço a rappelé l’expérience de l’Angola, qui avait dû négocier avec toutes les forces en présence, y compris celles du régime sud-africain de l’apartheid et le mouvement rebelle UNITA, pour mettre fin à la guerre civile. Il a insisté sur le fait que la résolution d’un conflit interne passe inévitablement par un dialogue inclusif. Un risque de contagion et la nécessité d’une solution durable Lourenço a également mis en garde contre le risque de contagion du conflit dans la région des Grands Lacs. Selon lui, l’Afrique traverse une période difficile marquée par des conflits, notamment entre la RDC et le Rwanda, mais aussi au Mozambique et au Soudan, ainsi que par le terrorisme et des changements de régime anticonstitutionnels. Pour lui, la priorité demeure d’éviter une escalade et de parvenir à un accord de paix signé par les Présidents Tshisekedi et Kagame. Il a rappelé que mi-décembre 2024, une réunion ministérielle dans le cadre du processus de Luanda avait permis d’obtenir deux engagements majeurs : le Rwanda avait accepté de retirer ses troupes du territoire congolais, tandis que la RDC s’était engagée à neutraliser les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), considérées comme une menace par Kigali. Lourenço estime que la résolution du conflit passe par le respect de ces engagements. Sanctions contre le Rwanda ? Lourenço privilégie la négociation Interrogé sur une possible imposition de sanctions au Rwanda, comme l’exige Kinshasa, le Président angolais a prôné une approche mesurée. Il estime qu’avant d’en arriver à une issue extrême, il faut donner toute sa chance à la négociation. Il se dit convaincu que la reprise du dialogue en vue de la signature d’un accord de paix demeure possible. Toutefois, son retrait de la médiation laisse planer une incertitude quant à la suite des pourparlers. Aucun autre chef d’État n’a encore été désigné pour prendre le relais, ce qui pourrait ouvrir la voie à une option militaire plus affirmée de la part de la RDC. Vers un durcissement de la position congolaise ? Avec le départ de l’Angola du processus de médiation, la RDC pourrait durcir sa stratégie face au M23 et à Kigali. Le Président Félix Tshisekedi a récemment réaffirmé son engagement à une riposte vigoureuse, renforçant ainsi l’hypothèse d’une solution militaire en l’absence de cadre diplomatique viable. Dans ce contexte, la communauté internationale et l’Union africaine seront-elles prêtes à jouer un rôle plus actif pour éviter une escalade ? À l’heure actuelle, le flou demeure sur la direction que prendront les prochains efforts de pacification. Une diplomatie africaine en quête de relais Le retrait angolais de la médiation entre la RDC et le Rwanda marque un tournant majeur. João Lourenço quitte la scène diplomatique avec la conviction qu’un accord de paix reste possible, mais sans réussir à le concrétiser. Son départ laisse un vide que l’Union africaine devra combler rapidement si elle veut éviter que la situation ne dégénère. En attendant, Kinshasa semble plus que jamais déterminée à privilégier une approche de résistance face à l’agression rwandaise, avec ou sans médiation.

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