RDC : Kabila annonce son retour au pays par l’Est, Kamitatu en soutien Après une année d’exil discret, l’ancien président Joseph Kabila annonce son retour imminent en République démocratique du Congo. Dans une déclaration écrite consultée ce mardi 8 avril par plusieurs médias, l’homme fort de Kinshasa entre 2001 et 2019 dit vouloir répondre à « la dégradation généralisée » de la situation nationale. « Compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire à travers tout le pays, ainsi que de la déliquescence qui gangrène tous les secteurs de la vie nationale, j’ai pris la résolution de rentrer, sans délai, au pays », écrit-il. Premier arrêt : l’Est de la RDC, une région ravagée par les violences du M23 et en proie à une guerre à ciel ouvert. « J’ai décidé de commencer par la partie orientale du pays, parce qu’il y a péril en la demeure. » Un retour sous haute tension Cette annonce intervient dans un contexte explosif. Le président Félix Tshisekedi accuse ouvertement son prédécesseur d’être le cerveau du mouvement M23/AFC, soutenu par le Rwanda. Des accusations relayées par Jean-Pierre Bemba, qui affirme que Joseph Kabila est impliqué dans plusieurs foyers d’insécurité armée, promettant de révéler des preuves. Kabila, de son côté, rejette catégoriquement toute implication. Lors d’un échange récent en Afrique du Sud avec Thabo Mbeki, il a plaidé pour une « approche endogène » de la crise sécuritaire et dénoncé des accusations « infondées ». Une manœuvre à haute valeur symbolique ? Si Kabila n’a pas précisé sa destination exacte, plusieurs sources évoquent Goma comme ville d’accueil. Un choix qui ne passe pas inaperçu. Pour Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi, ce déplacement porte une forte charge politique : « La sécurité de Joseph Kabila semble garantie à Goma, loin des tumultes de Kinshasa. » Et d’ajouter : « Le choix de Joseph Kabila de s’établir à l’Est, sous la protection d’une région contrôlée par la rébellion, n’est pas qu’un symbole. C’est un appel à repenser notre avenir collectif. » Selon Kamitatu, cette présence pourrait ouvrir la voie au retour d’autres figures politiques exilées, à commencer par Moïse Katumbi lui-même. Une perspective qui pourrait profondément recomposer le paysage politique. Un retour qui relance la machine PPRD L’annonce de Kabila intervient alors que le PPRD célèbre ses 23 ans. Le parti semble décidé à regagner en influence, six ans après la défaite à la présidentielle de 2018. Le timing de ce retour ne doit rien au hasard : il vise à rappeler que l’ancien président reste un acteur central de la vie politique congolaise, capable de rassembler… ou de troubler le jeu. La question désormais est claire : ce retour est-il une main tendue à la nation ou une stratégie de repositionnement ? Quoi qu’il en soit, Joseph Kabila revient là où la République vacille — comme pour rappeler qu’il n’a jamais vraiment quitté la scène.
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