Tshisekedi : Eternels défis et priorités Le mercredi 11 décembre, devant le Parlement réuni en Congrès au Palais du peuple, le Président Félix Tshisekedi a dressé le bilan de son mandat tout en esquissant ses priorités pour l’avenir. En abordant les six axes principaux de son programme quinquennal, le chef de l’État a jonglé entre mesures concrètes pour soulager les Congolais et propositions de réformes structurelles pour renforcer l’État. Pouvoir d’achat : une réponse immédiate à la crise sociale L’annonce de la baisse des prix du carburant, avec une réduction moyenne de 12 %, et la suspension de la TVA sur huit produits de première nécessité témoignent d’une volonté de répondre aux tensions économiques qui pèsent sur les ménages. Ces décisions, bien que salutaires à court terme, soulèvent des questions sur leur viabilité à long terme dans un contexte économique fragile. Ces mesures traduisent une réponse pragmatique aux revendications sociales, mais elles masquent des défis structurels plus profonds, tels que la dépendance de la RDC aux importations pour l’approvisionnement en produits de base. L’effet de ces baisses sur l’inflation et le pouvoir d’achat réel reste à surveiller, d’autant que les tensions dans la chaîne d’approvisionnement mondiale peuvent contrebalancer ces efforts. Sécurité urbaine : entre répression et réinsertion La lutte contre le phénomène des Kuluna (banditisme urbain) constitue une autre priorité affichée par le président. Si l’accent a été mis sur le renforcement des moyens des forces de sécurité et la rigueur dans la répression des actes criminels, Tshisekedi a également souligné la nécessité de mécanismes de réinsertion pour les jeunes marginalisés. Cette approche, mêlant fermeté et accompagnement social, semble équilibrée sur le papier. Cependant, la réussite de ces initiatives dépendra de leur mise en œuvre. Une répression sans véritable politique de réinsertion pourrait exacerber la marginalisation des jeunes désœuvrés, tandis qu’une réinsertion sans sécurité suffisante risque d’être perçue comme inefficace par la population. Réformes constitutionnelles : une proposition à haut risque L’appel à une réflexion nationale sur une éventuelle réforme constitutionnelle a été l’un des points les plus marquants du discours. En évoquant la nécessité d’éliminer les failles qui freinent l’appareil étatique, le chef de l’État s’inscrit dans une dynamique de réforme institutionnelle. Toutefois, cette proposition, bien que pertinente, est politiquement sensible. Dans un pays où les réformes constitutionnelles sont souvent perçues comme des manœuvres visant à prolonger le pouvoir des dirigeants, Tshisekedi devra convaincre que cette démarche est motivée par l’intérêt général et non par des ambitions personnelles. L’ouverture d’un débat inclusif et transparent sera cruciale pour éviter une polarisation politique et sociale. Une vision pragmatique, mais à consolider Le discours de Félix Tshisekedi illustre un équilibre entre la gestion des urgences sociales, notamment via des mesures économiques concrètes, et l’ambition de réformes structurelles pour renforcer les institutions de l’État. Cependant, ces annonces, bien qu’encourageantes, devront être suivies d’actions cohérentes et soutenues pour produire un impact durable. En filigrane, ce discours reflète les défis d’un président engagé dans une double bataille : répondre aux attentes immédiates des Congolais tout en jetant les bases d’un État plus efficace. Le succès de cette stratégie dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à transformer les paroles en actes concrets, dans un contexte de pressions internes et externes croissantes. Tshisekedi a ouvert des pistes ambitieuses, mais leur réalisation nécessitera une mobilisation nationale et des partenariats renforcés.
Laissez-nous un message