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Changement de commandement des FARDC : une opportunité pour la RDC de réaffirmer son rôle géostratégique ? Le Président de la République, Chef de l’État et commandant suprême des FARDC, Son Excellence Félix TSHISEKEDI, vient de nommer un nouveau commandement au sein des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Cette décision, prise dans un contexte sécuritaire particulièrement préoccupant, pourrait marquer un tournant décisif dans la gestion des nombreux défis auxquels le pays fait face. Toutefois, l’impact réel de cette réforme dépendra de plusieurs facteurs stratégiques, opérationnels et politiques. Pour que ces changements portent leurs fruits, ils doivent être basés sur des critères rigoureux tels que la compétence, l’expérience et l’intégrité des nouveaux responsables. Cette exigence rejoint la logique réaliste théorisée par Hans Morgenthau, selon laquelle la puissance d’un État repose sur sa capacité à mobiliser efficacement ses ressources, notamment militaires. Si ces principes sont respectés, une dynamique nouvelle pourrait revitaliser les FARDC, renforçant leur efficacité opérationnelle face aux menaces pressantes, comme la lutte contre les groupes armés dans l’Est du pays et la sécurisation des frontières nationales. En revanche, si ces nominations répondent à des logiques politiques, ethniques ou clientélistes, elles risquent d’accentuer les faiblesses structurelles déjà observées au sein de l’armée. Un commandement efficace devra également promouvoir une rigueur exemplaire dans le respect de la chaîne hiérarchique et améliorer la coordination entre les différentes unités des FARDC. Cependant, la culture militaire héritée, parfois marquée par l’indiscipline et les divisions internes, constitue un obstacle majeur. Cette analyse s’inscrit dans la pensée de Samuel Huntington, qui souligne l’importance de la discipline et de la professionnalisation dans l’efficacité des institutions militaires. En outre, la modernisation des équipements militaires et l’adoption de programmes de formation adaptés aux réalités du terrain sont des prérequis indispensables pour des résultats durables. Cependant, ces initiatives nécessitent des ressources financières importantes, souvent détournées ou mal allouées en raison de la corruption systémique. Comme l’explique Robert Cox, les réformes institutionnelles doivent être accompagnées de mécanismes de gestion rigoureux pour surmonter les asymétries structurelles et les résistances internes. À cet égard, la lutte contre la corruption demeure une priorité absolue. Les nouveaux commandants devront restaurer l’éthique et instaurer une gestion transparente des ressources, bien que les réseaux bénéficiaires des détournements puissent opposer une résistance considérable. Sans une volonté politique forte et des sanctions exemplaires, ces réformes risquent de demeurer lettre morte. Le changement de commandement des FARDC offre ainsi une opportunité unique de repositionner la République Démocratique du Congo sur l’échiquier géostratégique. Toutefois, les défis restent immenses, et ces opportunités pourraient se transformer en échecs si les réformes ne s’inscrivent pas dans une vision stratégique claire, appuyée par des moyens adéquats et une volonté politique indéfectible. L’histoire récente, marquée par des décisions mal orientées ou insuffisamment soutenues, montre que des réformes mal conçues peuvent aggraver les crises sécuritaires et miner la crédibilité de l’État. En définitive, cette réforme ne doit pas être perçue comme une solution miracle, mais comme une étape essentielle nécessitant une gestion inclusive et prudente. L’intégration des principes défendus par des auteurs comme Morgenthau et Huntington pourrait éclairer la mise en œuvre de ces réformes et garantir leur succès à long terme. Éric BENDE MAZODILUA Analyste en relations internationales et prospectiviste