RDC : la MONUSCO sous pression financière ! La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) traverse l’une des pires crises financières de son histoire. Dans un courrier interne adressé au personnel ce mardi 15 avril, la cheffe de la mission, Bintou Keita, tire la sonnette d’alarme et évoque une situation budgétaire critique qui menace le bon déroulement des opérations sur le terrain. « Nous ne sommes pas simplement confrontés à un problème temporaire de liquidités, » avertit Bintou Keita. Et de déclarer : « Les Nations unies traversent une crise de financement et le Secrétariat, y compris la MONUSCO, une crise de liquidité. » Ce message, adressé avec une franchise inhabituelle, met en lumière les profondes difficultés que rencontre l’organisation dans un contexte mondial marqué par le désengagement croissant des États membres. Selon la représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU, la mission n’a pas encore reçu l’intégralité des contributions attendues pour l’exercice budgétaire en cours, qui se termine en juin. L’incertitude demeure également sur les financements du prochain cycle, à partir du 1er juillet. Cette instabilité financière remet en question la capacité de la MONUSCO à remplir son mandat en RDC, notamment dans les régions en proie à l’insécurité. Des dépenses imprévues mais inévitables Plusieurs dépenses non anticipées sont venues alourdir les charges de la mission : des augmentations salariales rétroactives pour le personnel national, des évacuations d’urgence, la hausse des coûts de sécurité en lien avec la détérioration de la situation dans l’Est du pays, ou encore les mouvements logistiques importants comme le transfert du quartier général de la force à Beni et le rapatriement de troupes. Face à cette réalité, la mission a déjà enclenché un train de mesures d’austérité : gel des recrutements, suspension des formations et des voyages, et révision continue des dépenses. « Nous devons accorder la priorité à nos ressources limitées pour la mise en œuvre du mandat, » insiste Bintou Keita. Le spectre de la réduction du personnel plane. La cheffe de la MONUSCO n’exclut pas des décisions douloureuses dans les mois à venir. Elle appelle les responsables à réévaluer les besoins opérationnels jusqu’en décembre, tout en promettant que toute décision en matière de gestion des effectifs sera prise « en toute transparence et avec prudence ». La crise actuelle à la MONUSCO s’inscrit dans une tendance plus large : celle de la remise en question du multilatéralisme. « Partout dans le monde, l’accent est mis de plus en plus sur les priorités nationales, y compris les dépenses militaires, » déplore Bintou Keita. Une orientation qui affecte directement le fonctionnement de l’ONU, déjà mise à mal par les retards de paiement chroniques de certains États membres. Un avenir incertain Alors que le Conseil de sécurité reste officiellement attaché à la mission en RDC, les moyens mis à disposition ne suivent plus. Le contraste entre les attentes placées dans la MONUSCO et les ressources allouées soulève des interrogations sur la viabilité même de cette présence onusienne à l’heure où la RDC traverse une phase critique de son histoire. Malgré les vents contraires, Bintou Keita exhorte ses équipes à rester concentrées sur leur mission. « Ce qui compte maintenant, c’est de rester concentré sur notre mandat et de nous soutenir les uns les autres, » conclut-elle. Un appel à la résilience, dans un contexte où l’incertitude budgétaire pourrait bien devenir la nouvelle norme.
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