Retrait des rebelles M23 de Kibumba : Désaccord entre les FARDC et la Force de l’EAC
La situation du retrait des rebelles M23 de Kibumba semble être le premier point de divergence entre les FARDC et la Force de l’EAC. Alors que cette dernière se réjouit, les FARDC dénoncent les "raisons cachées" du désengagement du M23.
L'armée congolaise attire donc l'attention de la force régionale et de la communauté internationale quant à « cette volonté manifeste et habituelle de ces terroristes [M23 NDLR] à fouler au pied les accords signés ».
Pour l’armée congolaise, « le désengagement annoncé avec pompe par le mouvement terroriste M23 est un leurre et une simple opération de publicité pour distraire les Congolais et la communauté internationale », a déclaré le porte-parole des FARDC, le général Sylvain Ekenge.
HYPOCRISIE
A l’en croire, les FARDC restent déterminés à défendre l'intégrité territoriale du pays face à ce qu’il qualifie de "l'attitude hypocrite des terroristes M23/RDF.
« Toutes les unités désengagées de Kibumba, au lieu de regagner leurs positions initiales de Sabinyo (...) prennent une autre direction pour renforcer les positions de Tongo, de Kishishe et le Bambu » avec l'intention d'occuper le territoire à l'ouest de Goma, soupçonne l’armée congolaise qui a également évoqué des affrontements qui ont éclaté vendredi dans le parc national de Virunga entre les forces armées et les rebelles qui, d’après l’armée congolaise, « démontrent clairement l'intention des terroristes M23 /RDF, de contourner nos positions en vue de s'emparer de la cité de Saké située à une trentaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Goma ».
POPULATION SCEPTIQUE
A noter qu’aucun mouvement de retour des populations de Kibumba et Buhumba n’a été observé jusqu’au matin de samedi 24 décembre, malgré le déploiement, il y a 48 heures du contingent de la force régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC).
Le commandant de cette force a exhorté les habitants des groupements de Kibumba et Buhumba à regagner leurs villages, à 30 kilomètres au nord de Goma dans le territoire de Nyiragongo. Selon la société civile de Kibumba, la force de l’EAC ne rassure pas. Car, elle n’est pas déployée sur toute la superficie couvrant de ces deux entités coutumières.
« Les populations de Kibumba et de Buhumba ont peur même si les éléments de M23 ont cédé Kibumba parce que ce n’est pas des forces loyalistes comme notre armée qui contrôlent à Kibumba. C’est ça qui renforce l’inquiétude de rentrer à Kibumba. Les forces de l’EAC se trouvent tout proche de la route numéro 2 et dans un autre endroit qu’on appelle pâturage 2, au 2e marche de Kibumba. Elles ne se trouvent même pas dans les frontières de Kibumba », a indiqué, le responsable de cette structure citoyenne, Fataki Sematusi.
Il souhaite que les FARDC soient déployées sur toutes les frontières avec le Rwanda : « Si notre armée peut se trouver dans d’autres endroits où on a peur jusqu’à Fizi, à la frontière Kawanga, la population peut retourner sans problème ».
Le vendredi 23 décembre, les rebelles du M23 se sont retirés de la localité de Kibumba. Cette décision a été prise au cours d’une réunion qu’ils ont eue avec la force régionale de l'EAC (EACRF) et le Mécanisme Ad hoc de Vérification.
Kibumba est une commune rurale qui s’étendant sur deux groupements : le premier qui porte aussi le nom de Kibumba est au nord et le deuxième, nommé Buhumba est au sud.
KIDNAPPING
Les rebelles du groupe M23 ont conquis au cours des derniers mois de vastes pans du territoire du Nord-Kivu, province congolaise frontalière du Rwanda, progressant jusqu'à quelques dizaines de kilomètres de Goma.
Par ailleurs, le fonctionnaire délégué-adjoint du gouverneur du Nord-Kivu dans le groupement Bambo, Isaac Kibira a accusé, samedi 24 décembre, le M23 d’avoir kidnappé environ 50 civils à Rusekera, territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).
Selon ce fonctionnaire de l’Etat, ces personnes arrêtées ont été amenées entassées, vendredi dans la soirée, à bord d’un camion vers une destination inconnue.
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