Thérèse Kayikwamba à l’Assemblée Parlementaire Afrique-Union Européenne : Quel rôle pour cet organe face à la crise en RDC ? La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, a profité de la réunion extraordinaire de l’Assemblée Parlementaire Afrique-Union Européenne (AP AUE), mardi 4 février, pour exiger des sanctions contre le Rwanda et alerter sur la catastrophe humanitaire en cours. Mais que peut-on réellement attendre de cet organe dans la résolution de cette crise ? L’AP AUE est une instance de dialogue entre les parlementaires africains et européens. Créée pour renforcer la coopération politique entre l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE), elle donne une dimension parlementaire aux relations entre les deux continents. Composée de députés du Parlement panafricain et du Parlement européen, cette assemblée se réunit régulièrement pour débattre des grandes questions politiques et sécuritaires affectant l’Afrique et l’Europe, émettre des recommandations aux institutions de l’UA et de l’UE, encourager le respect des droits humains et de la démocratie, ainsi que favoriser le partenariat économique et la coopération au développement. Bien qu’elle n’ait pas un pouvoir contraignant, l’AP AUE joue un rôle important dans l’influence des décisions politiques et diplomatiques de l’UE et de l’UA. Ses résolutions peuvent inciter les États membres de l’UE à adopter des mesures spécifiques. Quels impacts possibles sur la crise en RDC ? La participation de Thérèse Kayikwamba à cette réunion extraordinaire s’inscrit dans une stratégie diplomatique visant à mobiliser les partenaires européens face à l’agression rwandaise. Plusieurs résultats peuvent être attendus. D’abord, cette réunion pourrait renforcer la pression politique sur l’Union européenne. En dénonçant l’inaction des alliés occidentaux de Kigali, la RDC espère obtenir un positionnement plus ferme de l’UE contre le Rwanda. L’AP AUE pourrait émettre une résolution appelant l’UE à sanctionner Kigali, renforçant ainsi la légitimité des demandes congolaises. Ensuite, un soutien aux sanctions contre le Rwanda pourrait émerger. La cheffe de la diplomatie congolaise demande la révocation du statut du Rwanda comme contributeur en troupes à l’ONU, un embargo sur les minerais étiquetés comme rwandais et des sanctions ciblées contre les dirigeants politiques et militaires rwandais. Une position forte de l’AP AUE sur ces points pourrait influencer les discussions au sein du Conseil de l’UE, où les États membres décident des sanctions économiques et diplomatiques. La réunion pourrait également aboutir à un plaidoyer pour une intervention humanitaire. L’AP AUE pourrait exhorter l’UE et l’UA à renforcer leur aide humanitaire pour la RDC, notamment en facilitant l’acheminement de l’aide à Goma. L’Union européenne, principal bailleur de fonds en Afrique, pourrait débloquer des fonds d’urgence ou faciliter le déploiement d’une mission d’observation. Enfin, un soutien aux enquêtes internationales est envisageable. L’AP AUE pourrait encourager l’UE à appuyer l’enquête en cours de la Cour pénale internationale (CPI) sur les crimes commis en RDC. Une pression parlementaire pourrait également accélérer la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur le rôle du Rwanda. Limites et défis Malgré son importance diplomatique, l’AP AUE n’a pas de pouvoir contraignant. Elle peut formuler des recommandations, mais leur mise en œuvre dépend de la volonté politique des États membres de l’UE et de l’UA. L’Union européenne, bien que critique à l’égard du Rwanda, reste divisée sur l’adoption de sanctions, certains États privilégiant le dialogue avec Kigali pour préserver leurs intérêts économiques et sécuritaires.
Laissez-nous un message