Bavures policières à Kinshasa : quand un policier doit utiliser une arme à feu ?
Ce qui se vit actuellement à Kinshasa est loin de ce que les autorités du pays ont toujours vanté, une police républicaine et professionnelle.
En moins d'un mois, les "éléments de l'ordre" ont mis fin à la vie de 2 paisibles citoyens dans des situations qui témoignent du manque de professionnalisme, voire du sérieux dans les rangs de la police.
Un policier tire sur son collègue
Ce mercredi 28 juillet, un policier a tiré « par inadvertance » sur son supérieur pendant un contrôle des masques à Bandalungwa. Touché en pleine tête, le policier victime a été acheminé à l’hôpital du camp Kokolo.
Les témoignages renseignent que ces deux éléments avaient mis la main sur une jeune dame qui n'avait pas porté son masque conformément aux mesures édictées par les autorités dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Face à la résistance de la jeune dame, un policier a tiré par sommation.
Un policier tire sur un étudiant
Une autre triste histoire, le samedi dernier, un autre policier avait tiré sur un étudiant de l'Unikin. Pour motif, l'auteur de ce drame exigeait aux étudiants, en pleine réalisation d'un travail pratique, une somme pour le tournage et le port des masques.
Il n'y a pas plus tard qu'un mois seulement, un autre groupe de policiers à Malueka, avaient tabassé grièvement un jeune pour le masque. La victime est jusqu'à ce jour interné dans un centre de santé le plus proche pour les soins.
Sylvano Kasongo en parade avec ses éléments
On peut répertorier encore beaucoup d'autres cas qui démontrent l'usage excessif de la force par les agents de l'ordre à Kinshasa.
Sylvano Kasongo Kitenge, commissaire divisionnaire adjoint de la Police Nationale Congolaise (PNC) et chef de la Police Ville de Kinshasa, prévoit organiser, ce samedi 31 juillet, au Stade des martyrs, une parade spéciale suite aux bévues policières constatées pendant le contrôle de port de masque.
Selon Amnesty International, qui relaye le Code de comportement des autorités responsables de l'application de la loi (1978) et les Principes de bases des Nations-Unies sur l'usage de la force et sur l'utilisation des armes à feu par les autorités responsables de l'application de la loi (1990), l'utilisation de la force doit toujours être exceptionnelle.
Les autorités responsables de l'application de la loi peuvent faire exclusivement usage de la force quand cela est strictement nécessaire dans les limites nécessaires pour accomplir leur devoir, y compris :
1. Pour prévenir un crime ;
2. Pour permettre ou aider dans l'arrestation légitime des auteurs présumés d'un crime.
Ce, après que toutes les méthodes non-violentes aient été utilisées sans aucun résultat. Une utilisation de la force au-delà de ces limites de ces limites est qualifiée d'excessive.
Quand utiliser l'arme à feu ?
1. L'utilisation des armes à feu est considérée comme une mesure extrême et des efforts doivent être déployés pour en exclure l'usage ;
2. Les armes à feu ne doivent pas être utilisées que si des mesures moins extrêmes ont été adoptées sans aucun succès.
Face à la réalité qui se vit à Kinshasa, il y a de lieu de vouloir savoir plus sur les modes de recrutement des policiers et leur formation. C'est ce qui fait l'objet même d'une question orale avec débat initiée par le député Ados Ndombasi contre le ministre de l'Intérieur.
Advienne que cette question soit alignée à l'ordre du jour à l'Assemblée nationale pour savoir plus sur ce recrutement. Wait and see...
Dieumerci Kalewu
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