Génocide congolais: 25 ans après, le Congo s’incline devant ses millions de morts
2 août, les Congolais commémorent le génocide pour des gains économiques (GENO COST). Une journée instaurée pour saluer la mémoire des 6 millions de morts! Pour le Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, cette date est spéciale pour la mémoire collective en tant que nation et peuple de la République démocratique du Congo.
Cela va faire 25 ans que l’Est de la RDC est en proie à l’insécurité et la situation persiste, avec l'occupation de certains espaces territoriaux par des troupes rebelles.
Félix Tshisekedi, accompagné de son épouse Denise Nyakeru ont déposé une gerbe de fleurs en mémoire de toutes les victimes de cette guerre.
Le couple présidentiel a ensuite visité une exposition de photo montée en cette occasion et qui met en exergue les crimes commis par les différents mouvements terroristes.
A Goma, des excuses publiques
la Journée de génocide congolais n’est pas passée inapeçue à Goma. Le gouverneur du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima annonce une semaine d'exposition au rond-point BDEGL des tableaux en hommage aux victimes.
L’annonce a été faite en présence des représentants des victimes de la guerre du M23.
Pour lui, cette exposition des tableaux symbolise une expression d'excuse publique de l'État congolais à l'égard des victimes de différents massacres sur sa juridiction.
Et de souligner qu'à travers ce même geste, il sera question d'envoyer un signal aux auteurs des agressions et des pillages des ressources congolaises ainsi que de rassembler les congolais autour de la mémoire des atrocités commises contre les populations de l'Est de la RDC.
Ce jour-là, il y a 25 ans!
Une année après la chute du Maréchal Mobutu, ancien président du Zaïre, aujourd’hui la RDC, Kinshasa se réveille par des coups de feu entendus de partout. C’est la rébellion qui commence le 2 août 1998.
Azarias Ruberwa, Zahidi Ngoma et James Kabarere, alors chef d’Etat-major des Forces armées congolaises (FAC) font face à l’armée régulière.
Dans les rues de Kinshasa, c’est le calme total. Parents et enfants sont terrés dans leurs maisons, craignant de vivre une nouvelle rébellion après celle de l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) menée par le feu Laurent-Désiré Kabila, qui chassa du pouvoir Joseph-Désiré Mobutu.
La peur devient une réalité. C’est à Goma que les choses tournent mal. La rébellion est amorcée avec le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et le président congolais M’Zee Kabila dénonce la trahison des Rwandais!
RCD: monstres à plusieurs têtes
Le Congo devient irrespirable. 3 ans après la rébellion, Laurent-Désiré est assassiné. son fils lui succède. mais rien ne marche. Le pays est divisé en 4 zones géographiques. Le RCD s’éclate en morceaux. Un monstre à plusieurs têtes qui contrôle et châtie la population, vivant l’enfer.
Le MLC de Jean-Pierre Bemba contrôle le Nord, Zahidi Ngoma l’Ouest (une partie), l’Est est géré par le RCD et Kinshasa garde la capitale et une partie de l’Ouest de la RDC et le centre-sud.
Pendant ce temps, ce sont des têtes des Congolais qui sont comptés comme des graines de maïs qu’on récolte dans un champ… de bataille. 6 millions pour être plus précis et plus de 4 millions de déplacés!
Kinshasa se souvient de la célèbre chanson “To zangi bilia solo, to zangi mayi solo” [Nous manquons à manger et à boire]. Plusieurs familles privées de l’électricité ont pillé le manioc. une image forte dans une ville où les moulins sont obligés de fermer et où la farine de maïs est une denrée très prisée dans les ménages.
Le CNDP et le M23: les années d’enfer
Le général Nkunda Batwaré.Vous avez sûrement entendu parler de ce nom. Lorsque le général James Kabarere est rappelé par son pays le Rwanda pour diriger l’armée, c’est lui qui dirige le Congrès national de la défense du peuple.
La souffrance continue. L’Est de la RDC ne fait qu’enregistrer de plus en plus des cas des morts et des déplacés qui peinent à trouver justice dans un contexte marqué par un silence presque coupable des grandes puissances, et l’impuissance du gouvernement congolais.
Le CNDP se mue en Mouvement du 23 mars en 2009. Avec des revendications d’intégrer l’armée officielle, après un cessez-le-feu! Le M23 trouve à son tour des raisons de faire boire à la population de Goma la calice, jusqu’à la lie… Viols, enlèvements et tueries à la machette! un vrai carnage génocidaire.
Des enfants sont restés orphelins, vivant des scènes où des parents sont décapités devant eux.
Défaits en 2013, le M23 ressurgit avec les mêmes revendications.
Mapping: des papiers sans résultats
Des condamnations, il y en a eu. Le rapport Mapping est un exemple patent. L’ONU indexe le Rwanda comme commanditaire de ces massacres. La Mission onusienne en RDC reste observatrice et les multinationales en profitent pour exploiter le coltan et d’autres richesses.
Quand les chiffres sont avancés, tout le monde a froid au dos, mais personne n’a la solution, comme l’a décrié le Chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi devant les chancelleries du Monde.
C’est le cas de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies mardi 20 septembre 2022.
Malgré les dénonciations des autorités congolaises tant politiques que militaires de cette situation, le constat reste le même. Tous les jours, les populations congolaises sont tuées par des rebelles entretenus par le Rwanda.
Déjà en 2020, lors de la même occasion de la commémoration des victimes de guerre de l'Est, Félix Tshisekedi avait demandé des sanctions internationales contre les mouvements terroristes qui attaquent l'Est du pays.
Une demande s'avère une solution et qui rejoint l'autre palliatif tant envisagé par la classe politique congolaise en l'occurrence la création d'un tribunal international pour sanctionner les auteurs des crimes perpétrés.
Josh Mut, MDM et Cédrick Sadiki Mbala
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