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Ngaliema : les caniveaux de la route Nzolana transformés en dépotoirs


Ngaliema : les caniveaux de la route Nzolana transformés en dépotoirs La scène est désolante. Entre la paroisse protestante Mbatamayangi et le pont Moleka, sur la route Nzolana à Ngaliema, sachets plastiques remplis de détritus, bouteilles vides et couches jetables forment un triste décor. Une odeur pestilentielle sature l’air, rappelant l’urgence d’une intervention. Ce lundi 6 janvier 2025, sous une pluie battante qui s’est abattue sur Kinshasa, le constat est amer : les caniveaux de cette route qui relie Pompage et UPN, récemment réhabilitée et livrée en grande pompe en décembre 2023, sont déjà obstrués et transformés en véritables décharges publiques. Des amas d’ordures sont visibles à plusieurs endroits stratégiques, notamment entre le pont Moleka et le terrain de la REGIDESO, ainsi qu’entre la paroisse Saint Mukasa et la place Kumbukumbu. Une gestion irresponsable des déchets Sous la pluie, le spectacle est encore plus accablant. Des habitants, visiblement habitués à l’anarchie ambiante, profitent des eaux de ruissellement pour se débarrasser de leurs déchets. « Quand il pleut, on vide nos poubelles dans les caniveaux. L’eau emporte tout », avoue sans gêne une riveraine. Les vendeuses ambulantes et commerçantes installées le long de Nzolana sont également pointées du doigt. Selon plusieurs témoignages, elles contribuent elles aussi à cette pollution en jetant leurs restes de marchandises et déchets directement dans les caniveaux. Malgré cela, certains habitants tentent de résister à cette désinvolture généralisée. On aperçoit un jeune armé de bêches et de pelles, essayant de dégager les caniveaux après chaque averse. « Nous faisons de notre mieux pour curer le caniveau devant notre parcelle. Mais les mamans vendeuses qui opèrent le long de la route Nzolana viennent y déverser leurs ordures. C’est frustrant et décourageant », se lamente un jeune homme, visiblement épuisé par cette tâche incessante. Des conséquences désastreuses Cette situation n’est pas sans conséquence. L’obstruction des caniveaux menace de provoquer des inondations dans cette zone, notamment lors des fortes pluies. Déjà, certains riverains rapportent des infiltrations d’eau dans leurs parcelles, une conséquence directe des canaux bouchés. L’accumulation des déchets favorise également la prolifération des moustiques, vecteurs de maladies telles que le paludisme, qui demeure une cause majeure de mortalité en République Démocratique du Congo. Par ailleurs, les odeurs nauséabondes dégagées par ces amas d’ordures affectent la qualité de vie des habitants, en particulier les enfants et les personnes âgées, plus vulnérables aux infections respiratoires. D’un point de vue environnemental, les déchets plastiques, souvent emportés par les eaux de ruissellement, se retrouvent dans les cours d’eau environnants, aggravant la pollution des rivières et mettant en péril les écosystèmes aquatiques. Enfin, cette situation met en péril l’investissement consenti pour réhabiliter la route Nzolana. Des infrastructures modernes, si elles ne sont pas correctement entretenues, risquent de se détériorer rapidement, rendant inutiles les efforts entrepris pour améliorer la mobilité dans ce quartier. L’absence des autorités et la colère des habitants Face à ce chaos, les autorités de quartier et municipales brillent par leur absence. Aucun dispositif visible n’est mis en place pour sensibiliser la population ou réprimer ces pratiques nuisibles. « Les agents de police passent pourtant chaque samedi pour collecter l’argent du Salongo (la contribution hebdomadaire pour la salubrité). Mais aucune action concrète n’est menée pour assurer la propreté de la zone », dénonce une dame, visiblement exaspérée. Ce sentiment d’abandon alimente un climat d’impunité où chacun agit à sa guise. L’image d’un quartier laissé pour compte contraste violemment avec les promesses de modernisation et d’assainissement annoncées lors de la réhabilitation de la route. Un appel à l’action L’état des caniveaux de la route Nzolana est le reflet d’une problématique plus large : l’absence d’une véritable stratégie de gestion des déchets à Kinshasa. Si des mesures urgentes ne sont pas prises pour encadrer les comportements, sensibiliser la population et rétablir l’autorité des services municipaux, cette situation risque de s’aggraver, compromettant à la fois la durabilité des infrastructures et la santé publique. Pour les habitants de Ngaliema, il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités et que chacun, à son niveau, adopte des comportements respectueux de l’environnement. La route Nzolana, symbole de modernité, ne doit pas devenir un énième exemple d’un échec collectif.

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