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Paris sportifs à Kinshasa : Quand les femmes s’invitent au jeu Les paris sportifs, en plein essor à Kinshasa, séduisent un public de plus en plus large. De nouvelles sociétés émergent chaque mois, transformant un phénomène autrefois majoritairement masculin en un univers où les femmes occupent une place croissante. Dans le quartier de Malueka, près du parking Saint Mukasa, dans la commune de Ngaliema, les points de vente de paris sportifs abondent. Ce jeudi 9 janvier 2025, des femmes se pressent devant les tableaux des matchs, munies de papier et stylo, prêtes à composer leurs combinaisons gagnantes. Un agent d’une société de paris témoigne de cette évolution : « Avant, je fermais à 16h. Mais avec l’arrivée des femmes, je prolonge jusqu’à 21h. En moyenne, j’accueille près de 50 femmes par jour. Elles ont compris qu’elles peuvent se faire de l’argent facilement. » L’une de ces parieuses, active depuis 2023, partage son expérience : « Je joue presque tous les jours. Parfois, je gagne. » Elle explique que la pression financière l’a poussée à se lancer : « Avant, ça ne m’intéressait pas. Mes amies en parlaient souvent, mais je refusais. Ce n’est qu’en période de galère que j’ai rejoint leurs groupes WhatsApp de parieurs. » Entre gains et risques Cette parieuse évoque les avantages et inconvénients des paris : « L’avantage, c’est qu’on peut gagner de l’argent. Mais quand je perds, je me sens stressée ou de mauvaise humeur. » Passionnée de football, elle précise que pour maximiser ses chances, il est essentiel de bien connaître les équipes et leur performance. Elle souligne également l’utilité des groupes WhatsApp, où des parieurs chevronnés partagent des « combinaisons » stratégiques : « Celles qui ne suivent pas le football peuvent s’appuyer sur ces combinaisons. » Les enjeux sociétaux Berm’s Bamba, activiste contre les dérives des jeux d’argent en RDC, reconnaît les aspects positifs de cette participation féminine : « Cela peut aider à réduire certains comportements problématiques liés à l’hyper-masculinisation des paris sportifs. » Cependant, il met en garde contre les dangers, notamment l’addiction : « Les paris peuvent rapidement devenir une dépendance, surtout chez les jeunes et les femmes qui ne mesurent pas toujours les risques. » Il évoque aussi les jugements sociaux auxquels les femmes peuvent être confrontées : « Dans notre société, participer aux paris peut attirer des critiques ou des conclusions hâtives. » Appel à une régulation et une éducation responsable Pour Berm’s Bamba, une régulation stricte et des programmes éducatifs sont indispensables : « L’exposition précoce aux jeux d’argent peut entraîner des problèmes financiers et sociaux durables. Les jeunes et les femmes, souvent influencés par leur entourage, risquent de se lancer sans en comprendre les conséquences. » Il préconise des cadres législatifs et une sensibilisation accrue pour protéger les populations les plus vulnérables : « Avec l’essor des paris sportifs, il est crucial de promouvoir un jeu responsable, soutenu par une éducation adaptée et des régulations strictes. » Un phénomène à double tranchant Alors que les paris sportifs continuent de gagner en popularité, notamment auprès des femmes, la pratique soulève des interrogations sociales et économiques. Si les promesses de gains rapides séduisent, les risques d’addiction et de marginalisation ne peuvent être ignorés. Un cadre d’une société de paris a précisé que la législation impose des mesures pour limiter les dérives, telles que la restriction des mises ou des outils d’auto-exclusion. Les mineurs (moins de 18 ans) sont strictement exclus de ces activités, et les opérateurs sont tenus d’afficher clairement les règles, les probabilités de gains et les risques encourus. Nos tentatives pour obtenir une réaction du ministère de la Justice, qui supervise ces activités, sont restées sans réponse. Face à l’expansion rapide de cette industrie, une régulation efficace et une sensibilisation renforcée s’imposent pour protéger les joueurs et encadrer ce phénomène aux multiples facettes.