Presse : Stanis Bujakera n’est pas l’auteur de la note de l'ANR (Enquête RSF) Le procès de Stanis Bujakera se poursuit, ce vendredi 3 novembre, à la prison centrale de Makala, devant le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe. Pour Reporters sans frontières (RSF), le journaliste n'est pas l’auteur de la note dont on l'accuse. Plusieurs témoins ont assuré à Reporters sans frontières (RSF) lors d'une enquête que la note que le journaliste est accusé d’avoir fabriquée et transmise à la rédaction de Jeune Afrique venait bien des services de renseignement congolais. « (...) Stanis Bujakera, détenu depuis près de deux mois, n’est même pas le premier à avoir reçu la note de l’Agence nationale du renseignement (ANR) qu’on lui reproche d’avoir conçue et transmise à sa rédaction de Jeune Afrique », peut-on lire dans ce rapport d'enquête qui précise que le document a largement circulé dans les milieux sécuritaires, les chancelleries et les médias avant même que Stanis Bujakera ou sa rédaction en ait connaissance. Arnaud Froger, responsable du bureau investigation de RSF, s'interroge : « que cherchent réellement ceux qui ont décidé d’arrêter ce journaliste ? ». Cependant, il encourage le journaliste de défendre son honneur, « maintenant qu’un procès s’est ouvert malgré l’absence totale d’éléments à charge, Stanis Bujakera devrait au moins pouvoir défendre son honneur et son intégrité en homme libre ». Le ministre de l'Intérieur, Peter Kazadi, qui avait qualifié le document de faux après un “examen interne” et estimé que cette note aurait été “indûment attribuée à l’ANR” pour “désorienter l’opinion publique”, n’a pas répondu aux sollicitations de Reporters sans frontières (RSF). Néanmoins, deux sources sécuritaires qui connaissent bien les arcanes de l’Agence ont confirmé à RSF que le document ressemblait en tous points à ce que peut produire l’ANR sur ce type d’événement. « Dans l’armée, on appelle ça un bulletin d’information ou un rapport d’incident », confie un haut gradé. Selon cette source de RSF qui souhaite rester anonyme, le document ne reflète pas forcément la position finale de l’Agence vouée à être transmise au chef de l’État à propos du meurtre de l’opposant politique, mais il est affirmatif, il vient bien d’elle. Contacté par RSF, un agent de l’ANR confirme qu’il s’agit d’une « note adressée à la hiérarchie attendant vérification, analyse et enquête minutieuse ». Une source proche de la présidence abonde : « Tout le monde sait qu’elle vient de l’ANR, probablement d’un échelon inférieur pour ensuite être traitée. » Aussi, plusieurs sources diplomatiques interrogées par RSF indiquent avoir également reçu cette note au mois d’août. « Elle est authentique et il sera difficile de parler de faux rapport », affirme l’une d’elle. Détenu depuis le 8 septembre, Stanis Bujakera croupit en prison depuis près de deux mois. La justice congolais l'accuse six chefs d’inculpation dont ceux de “propagateur de faux bruit” et de “faux en écriture, falsification des sceaux de l’État”.
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