RDC : cité perdue de Kinshasa, Mbankana connait à ce jour des problèmes d’identification des maisons
Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Cette ville-province presque inhabitée. Alors que la majorité de la population se concentre au centre-ville et dans certaines communes proches de la Gombe, ou encore Bandalungwa, Kasa-vubu, en passant par Kintambo et Mont-Ngafula ou Mont-Ngaliema, dans la commune de la Nsele ou de Maluku notamment, des cités sont presque vides. C’est le cas de Mbankana. Belle cité mais difficile de localiser parfois une adresse. Reportage.
À Gombe, aujourd’hui avec Google, il est aisé de retrouver une adresse. Même situation dans d’autres communes de Kinshasa. Ceci n’est pas évident pour la commune de Maluku. À la suite d’un manque de politique d’aménagement et d’urbanisme, certains Kinois à la recherche des espaces à la fois verts et de « tranquillité » achètent et construisent à Mbankana.
Seul bémol : à chacun son « génie » de localisation. Si certains mettent des branches d’arbres, parfois avec des sachets dessus ou des habits, d’autres recourent aux branches des palmiers placés sur les bornes de leurs parcelles. D’autres encore, mettent carrément de petits panneaux de reconnaissance. Il n’existe aucune politique d’adresses dans cette cité rurale, située à 145 Km du centre-ville de Kinshasa sur le Plateau de Batéké. À cheval sur la route nationale n°1, à la frontière avec à la province du Kwango, c’est une cité qui s'étend sur une superficie de plus ou moins 15 000 m2.
Un coin perdu ?
22 novembre 2022. Il est 10 heures. Le reporter de Laplumeinfos.net se rend à Mbankana. Il est dans un groupe de supporters d’un club de football de Kinshasa, le Daring club Motema Pembe (DCMP). 15 fans décident de doter leur club d’un centre sportif, et il faut commencer par l’achat d’un terrain. Il est proposé à 4 hectares.
Difficile de s’adresser à un journaliste, avait été averti le journaliste. « Les gens pensent que les journalistes vont pousser les politiciens à vendre leur cité », lui avait lancé un de ses amis, habitués du coin. Immersion oblige. Confondu dans le groupe des supporters, nous posons néanmoins des questions de curiosité à notre guide.
Le chef coutumier à rencontrer nous donne une adresse complète [NDLR : nous ne l’exposons pas ici]. Encore faut-il la retrouver ! C'est du chemin à parcourir. On dirait un trajet de marathon. En réalité, il n’existe pas d’adresses à proprement parler. Les maisons sont plus identifiées aux individus, aux noms.
« Quand vous venez ici, c’est mieux de donner le nom de la personne. Si vous donnez une adresse, vous avez toutes les chances du monde de vous perdre… Bon ! Il faut toujours se renseigner. Certains ne peuvent pas reconnaitre la personne que vous cherchez, mais il y aura sûrement quelqu’un qui vous donnera une bonne réponse », ajoute le guide.
Des années 70 à ce jour…
Une étude réalisée en 2011 renseigne que l’histoire du quartier Mbankana remonte au XVIe siècle, avec le chef coutumier Labi Mbana. Il a été créé par le fils du roi Makoko, roi du royaume Téké lors de son arrivée de Brazzaville du nom de Bua-Ngamusu. Ce quartier fut créé en 1970 par arrêté Ministériel du Ministre de l'intérieures, décentralisation et sécurité, à la suite du décret-loi n° 053 du 12/12/1970 portant décentralisation.
Depuis près de 40 ans, cette cité, pourtant un quartier de la capitale congolaise, ressemble encore à un village. Si certains habitants s’identifient aux Kinois, d’autres déplorent qu’ils soient abandonnés.
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