RDC : L’ONU très préoccupée à la situation des droits de l'homme, craint de l'arrêt de sa jouissance par les Congolais L'ONU exprime des préoccupations profondes quant à la situation des droits de l'homme en République Démocratique du Congo (RDC). Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a dit mardi 3 mars, craindre que « la jouissance des droits humains dans le pays ne s'arrête brutalement ». « Depuis notre dernière mise à jour au Conseil en octobre, le conflit armé omniprésent, et en particulier dans l'est du pays, a continué à prélever un lourd tribut humain. L'absence d'autorité de l'État sur de vastes étendues de territoire a également ouvert la voie à des niveaux brutaux de violence et d'attaques », a dit M. Türk dans une déclaration vidéo lors d’un dialogue interactif devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, mardi, à Genève. La situation est particulièrement préoccupante dans les régions touchées par les conflits armés, où les civils sont pris au piège des affrontements entre groupes armés, et où les violations des droits humains sont souvent commises en toute impunité. Le chef des droits de l’homme s’est également dit « extrêmement préoccupé par le fait que le conflit et la violence en RDC se propagent dans toute la région, ainsi que par l'implication active d'autres acteurs régionaux dans l'est de la RDC », estimant que « le coût de cette situation pour les populations est catastrophique ». Pour l'ONU, il a observé que l'insécurité est alimentée par une montagne apparemment infranchissable de défis : de la corruption à grande échelle à la course effrénée entre de multiples parties pour prendre le contrôle et exploiter la richesse des ressources naturelles du pays, en passant par les violents conflits fonciers en cours. Entre le 1er octobre 2023 et le 15 mars 2024, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme a documenté 2.110 violations et abus des droits humains dans toute la RDC. Parmi ceux-ci, 59% ont été commis par des groupes armés, et ils comprennent des exécutions sommaires et des violences sexuelles liées au conflit. Près de la moitié de ces violations et abus ont été commis dans la province du Nord-Kivu, où la violence et les tensions ont atteint un stade critique. Le conflit armé entre le groupe armé M23 et l'armée congolaise (FARDC) s'est intensifié et s'est étendu au-delà de Rutshuru au territoire de Masisi. Des centaines de milliers de personnes ont fui vers la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma et, plus au nord, dans la province du Sud-Kivu. Selon des sources humanitaires, ce conflit a déplacé plus de 2 millions et demi de personnes dans le Nord-Kivu entre février 2022 et janvier 2024. « Les femmes et les filles sont, une fois de plus, particulièrement vulnérables à la violence sexuelle et à d'autres formes d'abus et d'exploitation sexuels, notamment dans les camps de personnes déplacées et aux alentours », a déploré M. Türk. *Justice transitionnelle* Bessolé René Bagoro et Marie-Thérèse Keita-Bocom, membres de l'équipe d'experts internationaux sur la RDC, soulignent la nécessité pour le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme d'intensifier ses efforts en vue de mobiliser davantage de ressources pour soutenir la stratégie de justice transitionnelle dans le pays. Cette invitation intervient dans un contexte particulier, marqué par le retrait progressif de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC (MONUSCO), ce qui souligne l'importance d'une appropriation nationale des processus de justice transitionnelle. La justice transitionnelle vise à faire face aux crimes du passé, à assurer la responsabilité des auteurs de violations des droits de l'homme, à réparer les victimes et à permettre une réconciliation durable. Ils ont aussi invité les acteurs concernés à redoubler d'efforts pour mettre en oeuvre cette stratégie « afin de donner le maximum de chances à la protection des droits de l'homme, à la réconciliation et à la paix ». Les experts ont notamment invité les groupes armés « à cesser immédiatement leurs activités belligérantes », les autorités gouvernementales « à continuer à promouvoir, en plus de la sécurité, tous les autres aspects de la justice transitionnelle », et la communauté internationale « à porter une attention particulière aux préoccupations et aux intérêts de la population congolaise ».
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