RDC : MSF alerte sur la crise humanitaire alarmante au Nord et Sud-Kivu La situation humanitaire dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu est plus préoccupante que jamais. La recrudescence des combats depuis décembre a entraîné des déplacements massifs de population, mettant en péril des centaines de milliers de civils. Emmanuel Lampaert, représentant de Médecins Sans Frontières (MSF) en RDC, dans une interview accordée à Laplumeinfos.net ce mercredi 26 mars, tire la sonnette d’alarme sur l’urgence de la situation et les défis auxquels font face les acteurs humanitaires. Depuis décembre, le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, a été le théâtre de violents affrontements, provoquant un exode massif. En janvier 2025, la situation s’est aggravée dans le territoire de Masisi, où des combats intenses ont eu lieu pour le contrôle de Masisi-Centre. Les violences se sont ensuite étendues vers le Sud-Kivu, notamment à Minova et Numbi, dans le territoire de Kalehe. MSF dénonce la présence de combattants et de postes d’artillerie à proximité des structures de santé et des camps de déplacés, exposant directement les populations civiles au danger. Une catastrophe humanitaire Le bilan est dramatique. Selon les Nations Unies, plus de 400 000 personnes ont été déplacées depuis janvier, venant s’ajouter aux 650 000 déplacés déjà présents autour de Goma. Les conditions de vie y sont désastreuses : manque d’abris, de nourriture, d’eau potable et d’accès aux soins. « Ces camps ne sont même pas épargnés par les combats. Des roquettes sont tirées à proximité des sites de déplacés et des hôpitaux où des civils cherchent refuge. C’est inacceptable », déclare Emmanuel Lampaert. MSF rapporte également un nombre alarmant de civils blessés parmi les centaines de patients pris en charge. Certains sont victimes de balles perdues, d’autres de tirs directs en violation flagrante des règles de guerre. « À Masisi, l’hôpital que nous soutenons a essuyé des tirs alors que plus de 10 000 personnes s’y étaient réfugiées. Deux civils ont été touchés devant l’hôpital et deux de nos employés ont été blessés par une roquette. Il est impératif de rappeler que même la guerre a des règles », insiste Lampaert. MSF face à des défis croissants Malgré l’escalade des violences, MSF continue d’intervenir, bien que ses équipes soient contraintes de limiter leurs déplacements dans certaines zones. « Autour de Goma, la violence nous empêche parfois d’accéder aux camps, mais nous faisons tout notre possible pour maintenir l’approvisionnement des structures médicales, gérer l’afflux de blessés et garantir l’accès à l’eau potable », explique le représentant de MSF. À Goma, l’ONG soutient l’hôpital de Kyeshero pour prendre en charge les blessés et soulager le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), débordé à l’hôpital de Ndosho. Dans le reste du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, MSF maintient sa présence malgré des conditions sécuritaires et logistiques extrêmement difficiles. En trois semaines, près de 400 blessés ont été pris en charge dans les hôpitaux de Minova, Numbi et Masisi. MSF poursuit également ses actions dans des zones plus reculées, comme le territoire de Lubero, où elle améliore l’accès à l’eau potable pour les déplacés du site de Magasin et les structures de santé locales. Face à l’ampleur de cette crise, MSF exhorte l’ensemble des parties prenantes à respecter le droit humanitaire et à garantir la protection des civils. L’ONG appelle également à une mobilisation accrue pour répondre aux besoins urgents des populations prises au piège de cette guerre qui n’épargne personne.
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