Transport à Kinshasa : un monstre difficile à tuer « Pompage 500 ! » hurle un convoyeur, accroché à la portière d’un taxi-bus en quête de passagers à un arrêt bondé. Nous sommes sur l’avenue Kasa-Vubu, près de l’Hôpital général de référence (ex-Maman Yemo), ce lundi 23 décembre, aux environs de 17h. Une marée humaine s’agglutine à l’arrêt. Entre l’hésitation provoquée par le coût prohibitif des courses et le désir de rentrer tôt à la maison, les plus téméraires se bousculent pour grimper à bord. « On paie avant d’entrer ! » martèle le convoyeur. Les billets de 5000 FC défilent dans ses mains. Derrière son cri de « 500 », se cache une réalité amère : le trajet Pompage-Zando, autrefois facturé 1500 FC selon la grille tarifaire officielle, coûte désormais 5000 FC en soirée. Une femme dans la file s’exclame, exaspérée : « C’est trois fois le tarif fixé par l’Hôtel de Ville ! » Ce à quoi une autre rétorque : « L’Hôtel de Ville ? Vous croyez vraiment que nous avons des autorités ici ? » Le convoyeur, visiblement agacé, ajoute : « Si c’est trop cher pour vous, descendez ! Il y a assez de monde pour remplir ce taxi-bus ! » Des murmures de protestation montent de la foule, mais personne ne bouge. Des autorités impuissantes face au chaos À Kinshasa, le secteur du transport en commun semble hors de contrôle. Les mesures adoptées par l’Hôtel de Ville pour encadrer les tarifs ou améliorer le service restent lettres mortes. Les chauffeurs et convoyeurs, souvent en position de force, imposent leurs propres lois. Plus tôt cette année, un mouvement de grève organisé par des conducteurs avait paralysé la capitale, contraignant les autorités à céder à leurs exigences. Résultat : les policiers affectés au contrôle du transport ont été retirés, et la grille tarifaire a été ignorée, au grand dam des usagers. La double peine des embouteillages et de la hausse des tarifs Les conducteurs justifient les tarifs exorbitants par les embouteillages et les charges fixes imposées par les propriétaires de véhicules. « Avec ces bouchons, on ne peut plus faire nos 15 courses quotidiennes », explique un chauffeur. « La majoration des prix est notre seule solution pour équilibrer nos comptes. » L’instauration récente de la circulation alternée, décidée pour réduire les embouteillages, a encore aggravé la situation. Les usagers, eux, peinent à joindre les deux bouts. Selon le PNUD, le panier moyen d’une ménagère en RDC ne dépasse pas 1 dollar par jour. Pourtant, un seul trajet entre Zando et Pompage coûte désormais près de 2 dollars. Des promesses gouvernementales et des controverses Conscient de cette crise, le Chef de l’État a évoqué la question du transport dans son récent discours à la nation. « Je suis pleinement informé des difficultés liées au transport et aux embouteillages », a-t-il affirmé. Il a également promis des solutions concrètes, déclarant avoir donné des instructions fermes pour résoudre ces problèmes. Lors d’une récente intervention sur Top Congo FM, Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre et ministre de la Défense, a défendu les nouvelles mesures prises pour décongestionner Kinshasa, notamment la circulation alternée. Selon lui, ces initiatives commencent à porter leurs fruits. « Les embouteillages ne sont pas spécifiques à la RDC ; c’est un phénomène mondial. Cependant, les efforts en cours produisent déjà des résultats visibles », a-t-il déclaré, tout en partageant des preuves photographiques des progrès réalisés. Cependant, sur le terrain, les habitants peinent encore à ressentir ces améliorations. La frustration grandit face aux promesses non tenues et aux mesures souvent jugées insuffisantes pour répondre à l’urgence de la situation. Un défi à relever Le transport, véritable « monstre » dans la capitale congolaise, continue de défier toutes les tentatives de réforme. Entre un coût de la vie insoutenable et un secteur informel difficile à contrôler, les Kinois attendent des actions concrètes et durables. Combien de temps encore avant que les promesses du gouvernement se transforment en une réalité tangible pour les usagers ?








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