Ville morte à Goma : le Gouvernement déplore la manipulation, la justice se saisit du dossier
« Il n'y a aucun élément de la police rwandaise qui est arrivé ici, tout ce qui s’est passé, procède de la manipulation et de la volonté délibérée de nuire à cet effort collectif que nous devons mettre en place pour lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers », a expliqué Patrick Muyaya lundi 20 décembre lors d'un briefing conjoint avec le porte-parole de l'armée et de la police à la RTNC.
Cette déclaration vient couper court à toute attention observée depuis la semaine dernière sur une probable présence des troupes de la police rwandaise à Goma.
Cette agitation des uns et des autres a conduit quelques structures de la société civile et des mouvements citoyens à décréter une ville morte à Goma le lundi dernier. Cette ville morte s’est malheureusement transformée à une manifestation de colère ayant occasion les altercations entre les éléments de la police et les manifestants.
Ces derniers ont voire attaqué un poste de la police et ont récupéré trois armes dont ils se sont servis contre les éléments de la police déployés pour étouffer cette activité qui prenait une autre allure.
LA JUSTICE SE SAISIT DE L’AFFAIRE
Des barricades ont été érigées sur plusieurs artères routières bloquant ainsi la circulation. C'est le cas des axes Katoyi-Terminus, Kilijiwe-entrée président, Majengo-Buhene (Commune de Karisimbi) où les éléments de la police et des FARDC ont usé des tirs de sommation et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
La situation était confuse dans la partie nord de Goma et dans une partie du territoire de Nyiragongo. Toutes les activités étaient paralysées.
D'après le bilan de la police, 4 personnes sont mortes dont un agent de l’ordre tué, des blessés dont six policiers blessés grièvement et plusieurs interpellations de certains meneurs de ce mouvement qui seront déféré devant l’Auditeur militaire afin qu’ils répondent de leurs actes.
MANIPULATION
Le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général de brigade Sylvain Ekenge Efomi Bomusa, a précisé qu’il n’y a aucune présence des policiers rwandais dans la ville de Goma, ni sur le sol congolais, en général. Il a lancé un défi à tout celui qui détiendrait une information contraire.
« Il n’y a aucune présence des policiers rwandais dans la ville de Goma, contrairement aux messages distillés dans l’opinion par des agitateurs de mauvais goût », a-t-il dit.
Tout en qualifiant de « folle rumeur, de l’intoxication, de la manipulation de l’opinion autour de l’accord signé avec la police rwandaise », le général Ekenge a appelé la population et plus particulièrement la jeunesse, à se désolidariser « des agitateurs membres des mouvements dits citoyens qui ne sont que des vendeurs d’illusions ».
LES MEDIAS A LA BASE DE LA MANIPULATION
De son côté, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, estime que les médias ont participé également à ce qu’il qualifie de manipulation.
« Je crois que nous avons tous, vous les médias particulièrement, le devoir de nous accompagner pour lutter contre les fake news parce que vous pouvez voir ce que ça peut produire, nous avons vu la journée sanglante d'aujourd'hui à Goma et personne ne peut demain matin brandir une seule photo d'un seul policier rwandais qui est dans la ville de Goma », a-t-il déploré.
Par conséquent, Muyaya a tenu à rassurer que le séjour du commissaire général de la Police nationale congolaise au Rwanda rentre dans le cadre de ses prérogatives en tant que président du comité des chefs de police des pays d'Afrique de l'Est (EAPCCO) en vue de mettre en place un cadre de lutte contre le terrorisme et criminalité transfrontalière et non pour faire venir la police rwandaise sur le sol congolais.
QUE DIT CET ACCORD ?
« Comme vous le savez, il existe Interpol qui est la police internationale, qui réunit toutes les polices et dans le cadre des mécanismes régionaux. Il existe en Afrique de l'Est, une organisation qui réunit tous les patrons de police. La réunion s'est tenue ici à Kinshasa du 11 au 15 octobre. Elle a été clôturée d'ailleurs par le Premier ministre où le drapeau de commandement a été remis au commissaire général de notre police dans le cadre de la présidence tournante de cette organisation. Après avoir pris ses fonctions, samedi, il s'est expliqué, il était de son devoir de se rendre dans les pays concernés (…). Il y a 5 pays qui sont frontaliers avec le nôtre, le Rwanda évidemment, l'Ouganda, le Burundi, la Tanzanie et le Sud Soudan. Il est parti dans cette mission d'itinérance à Nairobi, ensuite il est revenu à Kigali dans le cadre du contrôle de la criminalité transfrontalière. Il y avait un besoin de mettre en place le cadre qui permet à ce travail de se faire. Je dois rappeler ici qu’avant la période de COVID-19 la frontière RDC et Rwanda, c'est la frontière la plus fréquentée au monde après la frontière États-Unis et Mexique et donc il est tout à fait normal que les polices de deux pays puissent être en mesure de communiquer de manière régulière. II n'a jamais été question que les éléments de la police du Rwanda ou les policiers rwandais viennent assurer l'ordre public en RDC. Il n'a jamais été question pour la police, notre police, de faire venir des éléments de la police rwandaise pour venir mettre de l'ordre public chez nous », a-t-il précisé.
LA POLICE RWANDAISE PRET A S’INSTALLER A GOMA
Pour mémoire, l'annonce de la coopération entre les polices rwandaise et congolaise a été faite le lundi 13 décembre 2021 à Kigali, capitale Rwandaise où des travaux de 3 jours ont été menés entre les deux forces de Police qui ont signé un mémorandum de coopération bilatérale dans le cadre de la sécurisation des frontières entre la RDC et le Rwanda. Ces activités ont été diffusées dans plusieurs médias en RDC comme au Rwanda.
La Police Nationale du Rwanda s'était même dite disposée à installer une base opérationnelle dans la ville de Goma pour lutter contre le terrorisme, a fait savoir l'Inspecteur Général de la Police Nationale du Rwanda relayé par les confrères.
Dieumerci Kalewu
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