RDC vs Cameroun exporté de la pelouse aux blouses blanches
En Amérique latine où l'Uruguay (médaille d'or aux JO de 1928, championne du monde 1930, 1950) s'est imposée comme une puissance du ballon rond avant même le Brésil et l'Argentine, les compétitions internationales de football considéré en soi comme une véritable religion là-bas, se transforment vite en un terrain de démonstration de la supériorité d'un système socio-politique sur un autre, en un espace d'exaltation de l'identité nationale et de la fibre patriotique, ...
Ainsi, l'on comprend aisément que l'Argentine, après une défaite face à l'Uruguay dans les années 1950, décide par exemple de fermer ses frontières nationales, et interdise l'exode de ses footballeurs vers son voisin! Aussi la plus vieille compétition de football au monde, la Copa America lancée en 1916, se joue aussi dans cet esprit martial «ekwe moto, ekwe ebende!», la suprématie d'une nation, peu importent ses stats, n'est pas reconnue par l'autre! Rideau!
Le RDC - Cameroun de ce soir commence à sortir de son cadre, celui d'un simple jeu, au point de faire craindre les passions les plus folles! En effet, il y a lieu à présent de craindre que des fous, à Douala et à Kinshasa ou partout où Congolais et Camerounais se retrouvent nez à nez, s'y invitent, et que les choses tournent au vinaigre! Ces lignes sont donc une sonnette d'alarme pour dénoncer tous ceux qui veulent, de quelque manière que ce soit, gâcher la fête du football africain!
A l'heure où les athlètes doivent se concentrer sur leur match, les Léopards ont été contraints nuitamment de passer d'un laboratoire à un autre, courant après des tests fiables de covid-19! Déjà la veille, ils n'ont pas eu accès aux vestiaires, ni aux toilettes, lors des entraînements sur le terrain annexe du stade devant abriter le match de ce soir. Enfin, le tout couronné par une campagne de presse dénigrant le onze national congolais!
Ceci n'est pas sans rappeler ce reportage de la presse italienne sur la ville de Santiago devant accueillir la Coupe du monde en 1962. En présentant les jeunes filles chiliennes comme des prostituées, un journaliste italien a fait basculer le match Italie - Chili dans une atmosphère déplorable avant même son coup d'envoi. Et l'on vivra le match le plus violent de l'histoire de la Coupe du monde: carton rouge dès la deuxième minute de la partie, puis un autre; ensuite une précipitation de cartons jaunes de part et d'autre, ...
On comprend qu'après la vive polémique entourant ces deux compétitions quant à leur organisation sur le sol camerounais, le CHAN et la CAN sont perçus par les autorités de ce pays comme une affaire d'État de la plus haute importance engageant sérieusement leur prestige national! Visiblement, elles auront mal vécu l'attribution de leur CAN au Maroc au moment où elles devaient l'organiser! Il s'agit maintenant de prouver à tout prix leur réussite à à la face du monde...
Et de tous points de vue, infrastructures, organisation, magie noire! Eh oui, suite à la plainte des Zimbabwéens et Maliens accusant les Camerounais de «sorcellerie» (c'est le terme utilisé), la CAF enquête sur les trois coqs sortis des vestiaires des Lions indomptables!
Malgré la pression psychologique sur les Léopards, ceux-ci font jusque-là preuve de retenue et de détermination à travers leurs déclarations sur les réseaux sociaux! Autant que leur sélectionneur, Jean-Florent, aussitôt guéri de corona, se dit être prêt, avec ses fauves, à mettre fin à cette loi des séries donnant toujours vainqueurs les Lions indomptables! Comme un air du CHAN rwandais, quand, à la veille du match contre les Amavubi, le même Ibenge déclare: «Nous jouerons pour les vivants... Et pour nos morts!»
Didi Mitovelli
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