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Joseph Kabila à Goma : entre stratégie de repositionnement politique et perturbation du processus de paix


Joseph Kabila à Goma : entre stratégie de repositionnement politique et perturbation du processus de paix L’arrivée de l’ancien président Joseph Kabila à Goma, dans un contexte de crise sécuritaire persistante à l’est du pays, suscite interrogations et critiques. En se présentant comme médiateur ou homme de paix, il cherche à reconstruire une image ternie depuis la fin de son mandat. Cependant, une lecture rigoureuse de son bilan sécuritaire mitigé et du contexte géopolitique régional soulève des inquiétudes quant aux effets réels de cette démarche sur l’efficacité des initiatives de paix. En effet, après plusieurs années de relatif silence politique, cette visite apparaît comme un acte calculé de réapparition sur la scène politique nationale. En adoptant la posture du sage ou du pacificateur alors perçu par une frange de la population comme un véritable bourreau des populations meurtries de l’est, Kabila tente de mobiliser les acteurs internes, voire les communautés de cette région. Cette posture soulève cependant une contradiction criante, car l’ancien président demeure associé à un bilan sécuritaire mitigé. Durant ses 18 ans de pouvoir, la situation dans l’est de la RDC ne s’était pas substantiellement améliorée. Au contraire, les groupes armés avaient proliféré, les massacres de civils s’étaient multipliés, et l’impunité était demeurée la norme, contribuant à l’enracinement du chaos. Sa présence soulève également des préoccupations quant à la légitimité de l’État dans la gestion des négociations de paix. Son implication, en dehors de tout cadre institutionnel, pourrait être perçue comme une tentative de contournement des institutions légitimes, affaiblissant ainsi l’autorité de l’État. Pire encore, cette visite risque de renforcer les groupes armés dans leur logique de quête de reconnaissance politique, en leur envoyant un signal ambigu, qu’il serait possible de négocier directement avec d’anciens chefs d’État, en dehors des cadres légaux établis. Une telle démarche crée un précédent dangereux et fragilise les efforts diplomatiques en cours, en offrant aux mouvements rebelles un levier de pression supplémentaire. À l’échelle régionale, cette initiative pourrait être instrumentalisée par certains États voisins, notamment le Rwanda, souvent accusés pour son soutien aux rebelles. En se rendant à Goma sans mandat officiel, Kabila risque d’alimenter des dialogues parallèles, en marge des mécanismes régulés par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ou l’Union africaine. Cela complexifie davantage la résolution du conflit en fragmentant des canaux diplomatiques déjà multiples et parfois concurrents. Eric BENDE MAZODILUA Analyste en relations internationales et prospectiviste

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