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L’évasion des lions à Lubumbashi : « Cette affaire n’est pas simplement anecdotique »


L’évasion des lions à Lubumbashi : « Cette affaire n’est pas simplement anecdotique » Par Dieumerci Kalewu, consultant en communication. L’évasion de deux lions d’un parc privé de Lubumbashi aurait pu être le point de départ d’un exercice grandeur nature en matière de gestion de crise. Hélas, cette situation préoccupante a surtout mis à nu notre impréparation chronique face aux urgences, ainsi que l’inquiétante légèreté avec laquelle nos institutions traitent les risques majeurs pour la population. Depuis l’annonce de la fuite de ces fauves, les autorités se sont contentées d’un bref communiqué, sans aucun suivi ni plan de communication adapté. Aucun point de presse, aucune mise à jour régulière, aucun déploiement visible de moyens d’alerte ou de sécurité. La population, elle, est abandonnée à la peur, à la rumeur et à la désinformation. Pire encore, sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui ont préféré tourner la situation en dérision. Une forme d’insouciance symptomatique, hélas, d’un peuple qui ne croit plus en la capacité de ses dirigeants à prendre soin de lui. Mais au-delà des moqueries, une question de fond s’impose : devons-nous attendre des victimes humaines pour réagir sérieusement ? Souvenons-nous. Il y a tout juste un an, à Kinshasa, un enfant était déchiqueté par un pitbull dans un quartier résidentiel. Aujourd’hui, ce sont deux lions qui errent dans un environnement urbain. Le danger est réel, immédiat et potentiellement fatal. Dans tout pays doté d’une culture de sécurité publique, un incident de cette nature aurait déclenché une réponse d’urgence structurée : - Le quadrillage de la zone autour du parc et l’évacuation des zones à risque ; - Le déploiement d’équipes spécialisées : vétérinaires, dresseurs, éco-gardes, accompagnés des forces de sécurité ; - La création d’une cellule de crise avec des points de situation réguliers relayés par les médias ; - La diffusion en boucle d’informations officielles, notamment via la RTNC, pour couper court aux fausses nouvelles et rassurer la population ; - La sensibilisation du public sur les comportements à adopter en cas de rencontre avec les animaux ; - La mise à disposition de numéros verts, pour signaler toute présence suspecte des lions ou demander assistance. Le silence des autorités et l’absence de dispositif coordonné soulèvent des questions graves sur notre capacité à anticiper, à protéger et à gérer les risques. Cette affaire n’est pas simplement anecdotique. Elle est symptomatique d’un système défaillant où l’urgence reste trop souvent synonyme d’improvisation. Or, gouverner, c’est prévoir. Et quand le danger frappe à la porte, gouverner, c’est aussi informer, mobiliser et protéger. Il ne s’agit pas ici de pointer du doigt, mais de tirer une sonnette d’alarme : il est urgent d’instaurer une véritable culture de la gestion de crise en RDC, fondée sur des protocoles clairs, des compétences avérées, et une communication efficace. Les vies humaines ne devraient jamais être laissées au hasard.

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