Visite du pape en RDC : quels en sont les enjeux géopolitiques ? (Erick Bende)
La RDC s'apprête à accueillir le pape François. Quand bien même le Saint-Siège a annoncé le report de ce voyage apostolique pour des raisons de santé du pape, d'autres dates seront définies bientôt.
Dans l'opinion, on se demande quel apport de cette visite. Votre rédaction vous propose dans les lignes qui suivent l'analyse de Monsieur Erick Bende, assistant à l'UPN, du département des Relations internationales. Il explique les enjeux géopolitiques de visite du pape en RDC.
La visite d'Etat au Congo-Kinshasa du Souverain Pontife, telle qu'annoncée par le Vatican revêt d'une importance cardinale pendant que le pays fait face à plusieurs défis d'ordre sécuritaire.
Me tablant ainsi sur l'ouvrage de Bobineau et Magnat ayant pour intitulé ''L'empire. Une histoire politique du christianisme'', publié aux éditions les Arènes en 2015, il y a lieu de marteler de prime abord que le rôle du pape dans le monde chrétien ne vient ni de Jésus-Christ, moins encore des premiers apôtres, mais plutôt de l'impérialité de la société romaine chrétienne, à l'issue du chamboulement qu'a connu le monde au XIXe et XXe siècle, où l'Église catholique s'est cristallisée sur la figure du Pape.
Ainsi, en sa qualité de chef d'Etat du Vatican, ses voyages internationaux sont guidés et motivés par les priorités de sa diplomatie de paix, que nous qualifions de la diplomatie blanche. À cet effet, ses différentes visites effectuées en 2015 dans le continent africain, notamment au Kenya, en Ouganda et en République Centrafricaine s'inscrivaient dans la dynamique de paix.
Le Congo Kinshasa, pays qui offrira son hospitalité dans les jours à venir au saint-père, représente une valeur géoculturelle impressionnante pour l'Église catholique vu le nombre de ses adeptes, aussi une valeur géophysique époustouflante dans le monde, au regard des ressources stratégiques dont elle dispose, source de convoitise de pays voisins et des capitalistes du monde, fait qui occasionne l'insécurité grandissante dans sa partie Est. Ces derniers soutiennent sans relâche les différents groupes rebelles, et vont plus loin à commettre les actes d'agression à l'égard du pays, remettant ainsi en cause les frontières héritées de la colonisation, en violation flagrante et manifeste des principes et des normes des relations internationales négociées, appelées sous le générique du droit international.
En effet, c'est depuis quelques jours que l'Est du pays connaît une recrudescence de l'insécurité causée par les rebelles du M23 qui ont refait surface après plusieurs années depuis qu'ils ont été battus en plate couture. Dans cette foulée, les indices sérieux font état du soutien de ce groupe par le Rwanda, fait à la base de la détérioration des relations diplomatiques entre les deux pays.
Ainsi, la visite de cet acteur de grande notoriété internationale doit être une opportunité pour le pays de poser clairement le problème d'agression dont il est victime, de surcroît relever la nécessité d'une paix durable, bénéfique non seulement pour le Congo Kinshasa, mais aussi pour l'Église catholique qui regorge beaucoup de fidèles au pays, dont la plupart ont perdu leurs vies, certains sont invalides, les enfants sont restés orphelins et abandonnés à leur triste sort, suite à la guerre de l'Est; ce personnage à la fois illustre et fascinant à double tête offrira sera au service de bons offices entre les deux États, et pourra éventuellement être le porte-parole privilégié de la cause de la souffrance du Congo aux grands décideurs de ce monde.
En somme, les États étant préoccupés par la quête de leurs intérêts nationaux, la République démocratique du Congo doit cesser d'être naïve, elle doit dorénavant se doter du savoir géopolitique susceptible de lui permettre de jouer le rôle d'un État pivot dans le continent, c'est-à-dire, il doit savoir anticiper les événements pour ne pas subir ; moderniser son armée et sa diplomatie, afin qu'elle soit envoûtée de la puissance.
Erick Bende
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